Suite de notre bilan 2023 sur le monde des expéditions en Himalaya avec un focus dans ce deuxième épisode sur l’Everest et son triste bilan.
C’est un triste record que celui de la mortalité sur l’Everest. Ce printemps 2023, pas moins de 18 alpinistes sont morts sur le toit du monde. Initialement arrêté à 17, cet affligeant total est passé à 18 quand les autorités népalaises ont refait les comptes. Sur ces 18 victimes cette année, 6 sherpas, toujours sur-représentés dans ces décomptes morbides.
Avec 656 sommets enregistrés cette saison, l’Everest continue d’attirer les foules. C’est le sommet himalayen qui en attire le plus. Une foule de clients sous oxygène, seuls 0,3% s’en sont passés cette année. Parmi ces « alpinistes », toujours de nombreux débutants incapables de se passer de leur guide et pour beaucoup très peu habitués à la haute altitude. Une grande majorité des décès est d’ailleurs imputable à l’altitude, au froid. Et plus largement à l’épuisement lié à un effort pour lequel les clients d’expédition manquent de préparation. Deux tiers des victimes sont mortes à plus de 7.000 mètres d’altitude.
Des défauts logistiques mais…
Les autorités népalaises rejetaient la faute sur une saison particulièrement froide. Mais ces accidents semblent ne pas être complètement liés à la météo… « Hormis les trois sherpas dans la cascade de glace et le client d’IMG qui a probablement eu une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, je suis convaincu que tous les autres décès auraient pu être évités en respectant les normes de sécurité et en disposant à tout moment d’une quantité suffisante d’oxygène. Ils présentent tous un schéma similaire. Ceci, combiné au fait que des bouteilles d’oxygène ont été volées à plusieurs équipes (dont la nôtre), montre l’un des principaux problèmes de cette saison : la logistique de l’oxygène et les normes de sécurité. » expliquait Lukas Furtenbach, organisateur d’expés, en fin de saison.
Toujours des clients inexpérimentés
Derrière cette question de logistique revient encore celle des clients inexpérimentés. « Il m’a semblé que de nombreuses personnes n’ayant que peu ou pas d’expérience en matière d’alpinisme se sont retrouvées bloquées lorsqu’elles se sont fatiguées ou sont tombées en panne d’oxygène, et qu’il n’y a pas eu de renfort pour elles. Les opérateurs qui soutiennent ces alpinistes ont toujours à l’esprit qu’ils ne font que fournir des services d’expédition et qu’ils ne guident pas ces personnes, et qu’ils ne se sentent donc pas responsables d’elles » ajoutait Guy Cotter, un autre opérateur d’expéditions.
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