A l’occasion de cette fin d’année 2023, petit bilan de ce qui s’est passé dans l’univers des expéditions en Himalaya. Premier épisode : 1 drame, 1 polémique, 1 miracle !
Un drame, 4 morts sous des avalanches bien prévisibles
Début octobre, plusieurs expéditions commerciales étaient en cours sur le Shishapangma (Tibet). Parmi elles, deux clientes américaines sortaient du lot. Elles étaient là pour décrocher un record. Celui de la première Américaine à avoir gravi la totalité des sommets de plus de 8.000m. Avec ses 8.027 mètres d’altitude, le Shishapangma était le dernier de la liste pour les deux femmes. De quoi mettre un peu plus de pression sur leur ascension et fermer les yeux sur certains risques pourtant avérés. Avec d’importantes chutes de neige les jours précédents, le risque d’avalanche était majeur. Ce qui n’a pas empêché les deux femmes de grimper, avec leurs sherpas, vers le sommet. Les deux cordées ont été balayées par des avalanches. Quatre morts. De quoi faire réfléchir les plus intrépides organisateurs d’expédition. A l’image de Nims Dai qui évoquait quelques jours avant le drame que les conditions étaient secondaires s’agissant de réussir une ascension. Jusqu’alors, il pouvait se vanter d’un taux de réussite exceptionnel pour ses clients. Et surtout d’un taux de mortalité à 0. Ce n’est plus le cas désormais. Une des deux cordées faisait partie d’une expédition organisée par son agence.
Une polémique en Himalaya, un porteur abandonné
En 2023, la Norvégienne Kristin Harila a gravi les 14 sommets de +8000m en seulement 92 jours battant ainsi son propre record. Sa dernière ascension, le K2, a fait couler beaucoup d’encre. Un porteur pakistanais, Muhammad Hassan, était en difficulté à 8.200 mètres d’altitude. Des dizaines d’alpinistes ont dû contourner son corps agonisant pour aller vers le sommet. Parmi eux, la plus médiatique, Kristin Harila. Si un sauvetage à une telle altitude est loin d’être une évidence, surtout quand la grande majorité des personnes présentes ce jour-là sur la montagne manquaient de compétences techniques pour y participer, l’égoïsme des grimpeurs a été pointé du doigt. Laisser un homme mourir sur le bord du chemin pendant qu’on continue vers le sommet et décroche un record. De quoi éclipser l’incroyable record obtenu ce jour-là par la Norvégienne et gâcher la fête au camp de base.
Un miracle : presque mort dans une crevasse, il ressuscite !
En avril 2023, l’Indien Anurag Maloo chutait dans une crevasse sur l’Annapurna. Il aurait pu y finir ses jours, gelé. Après plusieurs jours dans le glacier, il a pourtant été tiré de là. Avec l’aide cruciale de grimpeurs polonais qui passaient par là. Au sortir de la crevasse, l’homme était encore vivant. Ou presque. Des jours durant, des médecins ont lutté pour le maintenir en vie. D’abord dans des hôpitaux népalais puis en Inde quand un transfert est devenu possible. Deux mois plus tard, il rouvrait les yeux, puis recouvrait l’usage de la parole. En novembre dernier, après 7 mois d’hospitalisation, il a enfin pu rentrer chez lui. Des mois de rééducation sont à venir, mais il est bel et bien sauvé et parle déjà de retourner en montagne !
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