Alex Txikon a annoncé son intention de mener une expédition hivernale à l’Annapurna. Cette montagne mythique a déjà été gravie en hiver. Deux fois. C’était en 1987. Flashback.
Dans une interview à un média espagnol, le Basque Alex Txikon annonce qu’il ira à l’Annapurna cet hiver. Une ascension déjà réalisée début 1987 par un duo de grimpeurs polonais. Et en décembre de la même année par un quatuor de Japonais. En février Jerzy Kukuczka et Artur Hajzer démontrent l’expertise des Polonais en himalayisme hivernal. Cette nation détient le record du nombre d’ouvertures de 8.000 en hiver. Mais ils n’étaient pas les seuls à tenter cette ascension.
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Les Japonais sur l’Annapurna
Déjà en 1980, 1983, 1984, des alpinistes japonais tentaient leur chance sur l’Annapurna en hiver. En vain. En 1984, les Nippons s’essayent à la face Sud et atteignent les 7.200 mètres avant de renoncer. Citant « le manque de connaissance des chutes de neige abondantes et irrégulières de la saison hivernale himalayenne ». Une bonne partie des membres de l’équipe de 1984 est de retour en 1987. Ils conçoivent une expédition rapide et relativement légère. Aux 7 camps que l’on connaissait sur cette face, les Japonais s’en tiendront à 4. Le dernier à 7.400m.
Après plusieurs semaines d’acclimatation sur des sommets de 5-6000m, les alpinistes rejoignent le camp de base le 1er décembre. L’ascension débute alors le premier jour de ce que l’on considère comme la période hivernale en Himalaya même si les hivernales actuelles ne débutent pas avant le 21 décembre, date de l’hiver sur le calendrier.
Démarrage rapide stoppé net par une avalanche
Grâce à une étude préalable du tracé, le Camp 1 est ouvert le premier jour, et le Camp 2 le 3 décembre. Quelques heures plus tard, une avalanche déferle sur cette face sud de l’Annapurna. Le Camp 1 est balayé par la neige. Les tentes et tout le matériel et les vivres stockés là sont perdus. Un sherpa est légèrement blessé mais plus de peur que de mal pour les grimpeurs. L’ascension peut reprendre avec du matériel de rechange en attente au camp de base. Le Camp 3 est prêt le 10 décembre. Après une interruption à cause de chutes de neige et du risque d’avalanche, le Camp 4 est finalement en place le 17 décembre. Plusieurs jours servent ensuite à équiper les quelques centaines de mètres au-dessus du Camp 4. Le 20 décembre, tout le monde est prêt pour rejoindre le sommet. Vers 3h40 du matin, avec une température de -35°C, Noboru Yamada, Yasuhira Saito, Teruo Saegusa et Toshiyuki Kobayashi sortent de la tente pour leur assaut final.
Réussite au sommet, drame à la descente
Ils sont au sommet à 15h15, sans avoir utilisé d’oxygène supplémentaire. Une demi-heure plus tard, les quatre hommes se lancent dans la descente. Dans la première partie du tracé, Toshiyuki Kobayashi chute dans la paroi vertigineuse probablement après avoir « trébuché sur une corniche » de neige expliquera un membre de l’équipe. Ses camarades ne peuvent rien faire pour lui, une telle chute ne peut être que fatale. Quelques heures plus tard, alors que les survivants étaient presque tous arrivés au Camp 4, un nouveau drame à la nuit tombée. Yasuhira Saito chute à son tour alors qu’il était aux portes du Camp. Deux chutes vraisemblablement causées par une intense fatigue.
L’expédition s’arrête alors, sans que le deuxième assaut prévu ne soit conduit. Tous les alpinistes rejoignent le camp de base. Malgré le sommet atteint un 20 décembre, par une variante de l’itinéraire traditionnel de la face sud, l’expédition endeuillée est considérée par les Japonais comme un échec. Kobayashi et Saito avaient respectivement 22 et 34 ans.
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