De retour au Manaslu pour boucler la boucle, l’alpiniste Viridiana Alvarez est désormais une habituée des sommets himalayens qu’elle conquiert depuis des années, en participant à des expéditions commerciales.
Il y a 8 ans, la Mexicaine Viridiana Alvarez avait gravi le Manaslu. Aujourd’hui, elle est de retour sur ce colosse de 8.163 mètres d’altitude. A l’époque, elle avait atteint une antécime proche du sommet, considérée alors comme aussi valable que le point culminant. Pour conclure ses 8 ans de quête, elle compte atteindre le « vrai sommet du Manaslu ». Elle clôturerait ainsi l’ascension des 14 sommets de plus de 8.000m que compte la planète. Pour l’occasion, elle s’est adjoint les services du très médiatique Nims Dai et de son agence d’expéditions.
Le 27 juillet dernier, elle était au sommet du Broad Peak au Pakistan et devrait donc conclure cette chasse aux 14 « 8.000 » cet automne au Népal. Elle deviendra ainsi la première femme du continent américain à avoir gravi ces 14 montagnes (si on fait abstraction de la triple nationalité de Sophie Lavaud, qui en plus d’être française et suisse est également canadienne). En tous les cas, la première femme d’Amérique latine et clairement la première Mexicaine.
Ce printemps, elle comptait tenter l’ascension de l’Everest sans oxygène (elle l’a jusqu’alors gravi avec des bouteilles), défi qu’elle a repoussé à plus tard « en raison d’une blessure ».
Alpiniste ou pas ? Viridiana Alvarez est cliente d’expéditions commerciales sur les plus hauts sommets de la planète. Les puristes auront donc du mal à la qualifier d’alpiniste. Difficile probablement de comparer ses réalisations avec celles de Walter Bonatti, Wanda Rutkiewicz ou Reinhold Messner. Toutefois, l’alpinisme n’étant règlementé par aucune fédération, il existe de nombreuses pratiques différentes. Celle des expéditions commerciales, avec sherpas, cordes fixes et bouteilles d’oxygène est en une parmi d’autres.
Qui est l’alpiniste Viridiana Alvarez ?
Née en 1984 à Aguascalientes (500 km au nord-ouest de Mexico), Cette titulaire d’un Master en innovation et systèmes de qualité a commencé sa carrière professionnelle dans l’univers de l’automobile. Puis elle s’est lancée en montagne alors qu’elle avait 30 ans. Après différents sports, du marathon au VTT, sa première ascension, le Pico de Orizaba, a été un déclic. Jusque-là « je travaillais dans un bureau comme une personne normale » explique-t-elle. Trois ans plus tard, elle était au sommet de l’Everest. Puis sur d’autres sommets de l’arc himalayen. Quand elle n’est pas en expédition, elle regagne le Mexique et s’entraine sur la colline derrière chez elle.
Dans un pays où l’alpinisme est peu pratiqué, à plus forte raison par des femmes, Viridiana Alvarez fait office d’OVNI. Elle n’a pu compter que sur elle-même pour trouver les sponsors nécessaires au financement de ses expéditions qui lui coûtent « de 1 à 3 millions de pesos » (de 54.000 à 164.000 Euros). Elle a d’abord englouti ses économies avant que des marques s’intéressent à elle. Et progressivement, elle a pu s’appuyer sur sa communauté grandissante sur les réseaux sociaux. Elle est aujourd’hui suivie par plus de 110.000 personnes. En 2022, le grand public mexicain apprend à mieux la connaitre alors qu’elle participe à l’émission de téléréalité Survivor, version mexicaine. Dans ce jeu de survie, elle avait fait forte impression en étant éliminée au bout de 78 jours de compétition.
Illustration – Viridiana Alvarez entourée de Nims Dai (à gauche) et Suman Gurung (à droite) © Viridiana Alvarez FB