Les récentes expéditions au K2 nous donnent un nouvel exemple d’une tolérance aux risques à géométrie variable. Explications.
La gestion des risques est partie intégrante du quotidien des opérateurs d’expéditions. Ils mettent en œuvre ce qu’ils pensent indispensables pour réduire ces risques. Comme de l’oxygène en quantité, un nombre croissant de sherpas pour chaque client, des prévisions météo plus fiables, du matériel dernier cri. Mais tous les risques ne peuvent pas se réduire. Les conditions de neige, les avalanches, les chutes de séracs, l’état de santé de certains clients, le manque de concentration qui vous fait trébucher… On pourrait penser que tous les opérateurs approchent le sujet de la même manière, il n’en est rien.
Ces opérateurs qui refusent
On a pu le constater l’automne dernier au Manaslu et cet été sur le K2. Plusieurs opérateurs renoncent au sommet, font demi-tour et ramènent leurs clients. Quand d’autres continuent leurs ascensions et vont jusqu’au sommet. Cet été, les grimpeurs qui ont continué vers le sommet ont rencontré plusieurs avalanches, du vent très déstabilisant. Trois des principaux opérateurs occidentaux ont ainsi renoncé. Les agences russes et népalaises ont continué. Un grand nombre de leurs clients a atteint le sommet, probablement plus qu’une centaine, et une seule victime est à déplorer (un employé d’une agence russe). « Cette différence de « tolérance au risque » devient un moyen visible pour les clients potentiels de sélectionner un opérateur qui correspond à leur profil de risque personnel » explique Alan Arnette, un observateur averti de l’industrie des expéditions.
Deux évaluations de la même situation sur le K2
Au cours de l’expédition au K2, l’opérateur autrichien Furtenbach annonçait ainsi : « Les conditions actuelles en montagne ne sont pas compatibles avec nos normes de sécurité. La sécurité de nos clients, guides et sherpas est une priorité absolue (…) notre équipe a pris la décision responsable d’abandonner sa progression vers le sommet ». Au même moment, l’opérateur Imagine Nepal expliquait : « Sommet du K2 Garanti ! La météo est changeante mais encore suffisamment bonne pour continuer jusqu’au sommet. Bravo à tous ceux qui vont bientôt atteindre le sommet ! ». Une même montagne, au même moment, deux opérateurs différents.