Les embouteillages d’alpinistes et l’image de l’Everest ne font qu’un. Des images de grimpeurs en files indiennes font chaque année le tour du monde. Le marronnier de l’Everest. Pourquoi ces embouteillages et sont-ils forcément accidentogènes ?
Ils sont le symbole de l’industrie des expéditions commerciales : les embouteillages de l’Everest. Ces derniers jours, ils sont dans tous les médias grand public. Ces files d’attente en apparence interminables qui semblent relier le camp de base au sommet. Des images tellement surréalistes que de grands médias ont fait des articles sous l’angle « est-ce que ces photos sont bien réelles ? ». Dans un monde où la désinformation va croissante, pourquoi pas…
Des photos réelles ?
Ces photos et vidéos sont bien réelles et elles ont pu être prises cette saison comme les précédentes (les photos d’illustration de cet article sont de 2023). Ces « embouteillages » existent depuis longtemps. Depuis des années maintenant, toutes les équipes ont accès à des prévisions météo sensiblement identiques. Résultat, chaque expédition veut profiter de la même fenêtre de beau temps. Parfois relativement courte. Plus la fenêtre météo est courte, plus les clients des expéditions et leurs sherpas sont nombreux à emprunter la voie vers le sommet. Equipée de corde fixe, la voie est bien souvent unique, ce qui renforce cette impression de file indienne. Certains jours cette saison, plus de 150 personnes ont atteint le sommet. La plupart grimpant sur des créneaux assez similaires, c’est potentiellement 150 individus qui se suivent.
Des embouteillages à l’origine de la surmortalité de l’Everest ?
La surfréquentation de l’Everest, parce qu’elle ralentit le rythme de certains grimpeurs et rend plus compliquée la progression de potentiel secours, peut être une des causes de mortalité sur l’Everest. Mais les morts sont souvent multi-factorielles, quand le mauvais temps s’associe à la fatigue et à un défaut de matériel à oxygène par exemple. Certaines années, des alpinistes sont morts parce qu’ils étaient bloqués à une certaine altitude dans des embouteillages et que leur oxygène s’est épuisé. Cette saison 2023, aucune des victimes de l’Everest ne semble directement liée à ce phénomène.
Illustration © OlegExtremeGuide / Ashish Gurung – IG