Malgré de régulières expéditions de nettoyage, l’Everest croule toujours sous les déchets.
C’est sur un morceau de tente retrouvé sur la montagne que Kami Rita Sherpa a rédigé son message. « Respecte-le aujourd’hui pour en profiter pour toujours » peut-on lire. « Le » pour « l’Everest » mais qui pourrait s’appliquer à tant d’autres montagnes et d’autres espaces naturels. Le sherpa aux 28 acensions de l’Everest endosse ici son rôle d’ambassadeur de The NeverRest Project. Cette organisation vise – en partenariat avec les autorités népalaises – à proposer des solutions pour un tourisme plus durable. En attendant que certaines de leurs idées, organisées sous la bannière du tourisme régénératif, soient mises en œuvre, le problème environnemental est entier. Sur l’Everest comme sur les autres montagnes du Népal. Plusieurs initiatives tentent, à leur échelle, d’apporter leur contribution. A l’image des expéditions de nettoyage organisées ce printemps par le Français Luc Boisnard sur l’Annapurna et le Makalu.
Des sherpas tirent la sonnette d’alarme
Sur l’Everest, le constat des alpinistes est sans appel. La montagne est sale, notamment au niveau des camps les plus élevés. Ces zones situées entre 7.000 et 8.000m (Camps 3 et 4) sont inhospitalières et les grimpeurs et les organisateurs d’expéditions ont pris l’habitude de passer le moins de temps possible à ces altitudes. Quitte à abandonner du matériel, des déchets… Depuis près de 10 ans, il existe bien des règles pour contraindre les uns et les autres à redescendre une certaine quantité de déchets. Mais les officiels chargés de les faire respecter sont rarement présents sur la montagne. Les « officiers de liaison sont payés pour rien faire » souligne Tenzi Sherpa en publiant une vidéo effarante sur le Camp 4 (ci-dessous).
Dans cet espace de non-droit environnemental, on préfèrera abandonner une tente et en acheter une nouvelle pour la saison suivante, plutôt que de la démonter et de se charger à la descente. Quant aux déchets humains, ils s’accumulent. Menaçant d’empoisonner les nappes phréatiques et les cours d’eau qui alimentent de nombreuses vallées en aval. Rien qu’au camp de base, ce sont près de 3.000 personnes qui vivent et produisent des déchets pendant près de 2 mois, souligne un autre sherpa de retour du sommet.
Depuis quelques années, une véritable prise de conscience a fait évoluer certaines pratiques. Mais l’Everest et sa sur-fréquentation sont pour l’heure difficilement conciliables avec le respect de l’environnement. Au-delà du problème des déchets et de la pollution des ressources locales, celui de l’acheminement des touristes, vivres et matériels à grand renfort d’hélicoptères en est un autre.
Illustration © K.R. Sherpa