En juillet dernier, Pascal Denoël réussissait l’ascension du K2. Si les expéditions sur cette montagne tendent à se démocratiser, suivant la tendance de l’Everest, le K2 demeure une entreprise autrement plus engagée.
C’est dans un certain secret que Pascal Denoël a filé vers le Pakistan en juillet dernier. Le chef d’entreprise français avait plus largement communiqué, notamment auprès de ses salariés, quand il avait visé l’Everest ou encore le Denali. La pression était donc bien moins forte pour cette nouvelle expédition. Pourtant, la cible était sans comparaison possible avec ses précédentes aventures. Pour son début d’été, Pascal Denoël visait ainsi le K2. Le second sommet le plus haut du monde, qui culmine à 8.611 mètres d’altitude. Le K2 est largement connu pour sa technicité mais aussi sa mortalité élevée et son taux de réussite bien plus faible qu’à l’Everest. Tout çà, c’est sur le papier. Et encore, quand vous l’avez lu. Pascal n’avait que quelques connaissances sur le K2, comme ses dangereux séracs, mais l’appel du sommet était plus fort. Et son camarade Christophe, à l’origine de l’aventure, n’a pas eu besoin de trop insister pour le convaincre.
« Une montagne écrasante »
En arrivant à Concordia, là où l’objectif se dévoile enfin au terme de plusieurs jours de trek d’approche, il est impressionné par cette montagne « si massive » et « écrasante ». Il découvre vite les chutes de pierres dans la paroi, celles qui ne laissent aucune chance si elles vous touchent. « J’ai eu chaud » nous confie-t-il de retour en France. Par trois fois des pierres grosses comme des ballons de basket ont dévalé la pente, et l’ont frôlé. Le sérac géant du Bottleneck, lui, n’a pas bougé. Cette « épée de Damoclèes », menaçante, surplombe un des derniers passages avant l’arrivée sur l’arête sommitale. Malgré ces dangers indiscutables, qui s’ajoutent à la haute altitude, la météo changeante, la verticalité, les emplacements minimalistes pour les camps… il avance, « serein ».
Son camarade de cordée, lui, fait demi-tour. Les fenêtres météo n’ayant pas permis une acclimatation suffisante, et pour « éviter le mal des montagnes », Pascal renonce à une ascension sans oxygène. Il accepte d’emporter une bouteille, mais positionne le régulateur sur le débit minimal. Le jour du sommet, il part un peu après la foule et fait une bonne partie de l’ascension « quasiment tout seul ». Le 22 juillet, il est en haut, seul. Au sommet, où il reste près d’une heure, il fait trop chaud pour garder sa combinaison en duvet, il se retrouve en chemise. A se croire dans les Alpes.
Plus dure sera la descente
L’euphorie du sommet s’estompe un peu et à la descente, il comprend enfin. Les difficultés qu’il a grimpées, le danger aussi. La roulette russe des chutes de pierres. La chance de n’être tombé dans aucun des nombreux pièges tendus par cette montagne. L’engagement de cette expédition est sans comparaison avec les précédentes. « J’avais promis à ma femme que je rentrerais vivant » ajoute-t-il. Le Canadien Richard Cartier et l’Australien Matt Eakin sont morts cet été sur le K2. Ils avaient certainement fait pareilles promesses à leurs proches avant de partir.
Illustration © P. Denoel