Jill Wheatley s’est lancée dans une collection de sommets. Mais derrière cette soif de montagne, il y a une histoire. Celle d’une jeune femme dont la vie a basculé. C’était il y a 8 ans.
Septembre 2014, Jill est une jeune athlète prometteuse. Elle enchaîne les courses à pied, à vélo tout en enseignant l’éducation physique en Bavière. C’est alors qu’une balle de baseball vient tout remettre en question. Assommée, l’œil bien amoché, elle est vite conduite à l’hôpital. Quelques heures plus tard, encore chancelante, elle est de retour chez elle pour un œil au beurre noir. Malgré ce premier diagnostic rassurant, c’est en urgence qu’elle repart très vite vers un établissement spécialisé en neurochirurgie. Sa vie est en train de basculer. Traumatisme crânien. Le crâne fracturé, une hémorragie interne et un cerveau en train d’enfler… Il ne s’agit plus alors d’un œil au beurre noir mais bien d’une question de vie ou de mort. Cet œil ne s’ouvrira jamais plus, mais elle aura la vie sauve. Quasiment aveugle, dans un fauteuil roulant, Jill débute 2015 comme elle ne l’aurait jamais imaginé.
La montagne comme porte de sortie du cauchemar
Petit à petit, après de longs moments de désespoir, de colère, et de pugnacité elle va réapprendre à marcher. Et elle va trouver une échappatoire à ce cauchemar. La montagne. En Europe, puis en Himalaya. Près de 3 longues années se sont écoulées entre l’accident et les premiers pas en montagne. Deux ans plus tard, c’est sur des skis qu’elle remet les pieds. Puis les premières courses en montagne et les premiers sommets. Comme l’Ama Dablam en novembre 2020. Puis le Mera Peak à ski quelques mois plus tard. On a beau avoir perdu près de 70% de sa vue, survécu à un violent traumatisme crânien, surmonté des troubles alimentaires, on peut encore accomplir beaucoup de choses.
A l’automne 2021, elle réalisait l’ascension de son premier 8.000, le Manaslu. Un déclic. En quelques mois, ces sommets se sont imposés comme un objectif incontournable. C’était le début de son projet Vision 8.000. En deux ans, elle compte s’aventurer sur tous les plus hauts sommets de la planète. Elle veut croire que la démonstration de sa résilience pourra aider d’autres personnes à « trouver de l’espoir dans la pénombre ». En avril dernier, elle atteignait la cime du Dhaulagiri, puis du Kangchenjunga et enfin du Makalu. A l’heure qu’il est, elle est arrivée au Pakistan. Son objectif : le K2, le Broad Peak et le Nanga Parbat. Trois 8.000 sinon rien. A l’automne, elle pourrait également prendre part à une expédition au Cho Oyu. La suite pour 2023 avec les 6 derniers 8.000 en quelques mois.
Illustrations © Jill Wheatley @mtnsofmymind