Mi-mai dernier le Népalais Nims Dai, connu pour ses ascensions de 8.000 à répétition mises en image par Netflix, a réalisé un sacré exploit. Sans oxygène. Pourtant, il n’a pas vraiment complètement fait ce que l’on peut appeler la Traversée Everest-Lhotse. Explications.
Il est un enchainement qui est devenu de plus en plus fréquent : Everest puis Lhotse. Ces deux montagnes de 8.000 mètres sont voisines. Le fameux Col Sud de l’Everest relie ces sommets mythiques. Certaines expéditions commerciales proposent ainsi à leurs clients de gravir l’Everest, de redescendre au Camp 4 (Col Sud) puis de grimper vers le sommet du Lhotse. Ce dernier n’étant « que » à 560 mètres de dénivelé positif au-dessus du Camp 4.
C’est donc cet enchainement qu’a réalisé Nims Dai avec la difficulté supplémentaire (et non négligeable) de se passer d’oxygène. Les puristes rappelleront qu’une ascension sans oxygène au sein d’une équipe qui porte des bouteilles et peut vous en donner à tout moment n’a pas le même engagement psychologique qu’une ascension dans laquelle la première bouteille est à deux jours de marche… Quoiqu’il en soit, le manque d’oxygène est bien réel et cette double ascension Everest-Lhotse sans oxygène, fût-elle le long de cordes fixes, est une réalisation d’exception qui démontre le physique hors norme de Nims Dai.
La fameuse Traversée Everest-Lhotse
Longtemps les alpinistes d’élite ont rêvé de réaliser la Traversée Everest-Lhotse. Pour faire simple : traverser une montagne consiste à la gravir par une voie et la descendre par une autre. On peut donc imaginer une Traversée de l’Everest qui ne chercherait pas à passer par le Lhotse. On peut aussi enchainer deux montagnes sans rien traverser du tout, en montant et en descendant chacune d’elle par la même voie. De fait, on peut évidemment considérer que ce n’est que de la sémantique. Et que si Nims Dai veut appeler sa réalisation une Traversée, il en a bien le droit. Pourtant derrière cette notion se cache un niveau de difficulté et d’engagement à nul autre pareil, encore bien au-delà de la très impressionnante réalisation du Népalais ces derniers jours.
Certains grimpeurs comme Ueli Stek ambitionnaient cette réalisation. C’est en s’acclimatant sur le Nuptse que Stek a trouvé la mort en 2017. Son projet était bien cette fameuse Traversée. Gravir l’Everest par son Arête Ouest, descendre jusqu’au Col Sud (Arête Sud-Est), puis monter le Lhotse par l’Arête nord et descendre ce dernier par son arête ouest, en direction du Nuptse. Les trois quarts de cet itinéraire n’ont pas vu un alpiniste depuis des années. Seule la descente de l’Arête Sud-Est correspond à la voie normale actuelle. Il s’agit probablement d’un des projets les plus incroyables sur les 8000. Très peu d’alpinistes ont pensé un jour en être capables. Et Personne n’a jamais réussi un tel défi.
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