Il y a quelques heures, Kami Rita Sherpa était évacué du Camp 2 de l’Everest pour un problème aux yeux. Vraisemblablement une ophtalmie des neiges. Une « blessure » bien connue des premiers conquérants des cimes, pas toujours équipés en lunettes de soleil. De quoi s’agit-il exactement ? Quels sont les risques et comment s’en prémunir ?
Un coup de soleil des yeux ?
Après son évacuation du Camp 2 et un passage express par le Camp de base, Kami Rita Sherpa a été transféré à Katmandou mais il ne devrait pas tarder à être guéri. Car la cécité des neiges ou ophtalmie des neiges n’est généralement pas un phénomène bien grave. Pour autant, lorsqu’il se produit en pleine montagne, il peut entrainer des conséquences fatales. Il s’agit en réalité d’une photokératite, une sorte de coup de soleil de la surface oculaire. Elle se produit généralement lors d’une surexposition aux ultraviolets (UV-B), favorisés par la réverbération de la neige. Et comme l’intensité des rayons est plus importante en altitude, les pentes de l’Himalaya sont des endroits particulièrement à risque.
Cette brûlure est douloureuse et peut largement masquer la vision. Et soudainement devenir aveugle en plein milieu d’une ascension périlleuse, voilà qui peut être dangereux. Dans un premier temps, les yeux sont rouges et on a l’impression d’avoir du sable dans les yeux.
Des pionniers de l’alpinisme aux skieurs débutants
Les pionniers de l’alpinisme avaient bien compris que des lunettes de soleil bien couvrantes étaient vitales pour se prémunir d’un tel problème. Y compris les jours de brouillard où les rayons ultra-violets sont toujours là. Dès les débuts des conquêtes himalayennes, ce sont généralement les porteurs qui en souffraient le plus, faute de protections adéquates. Dans le grand classique « Le léopard des neiges », Peter Matthiessen évoquait « le cas des malheureux porteurs qui souffrent d’ophtalmie des neiges ». Durant l’expédition de 1953 à l’Everest, on apprend que les porteurs utilisaient une méthode traditionnelle tibétaine pour se protéger du soleil, en mettant leurs nattes devant leurs yeux. Le vidéaste de l’équipe, Tom Stobart, avait alors fabriqué des « lunettes de glaciers » avec de la pellicule noire et de la ficelle. Du bricolage qui sauva la vue de dizaines de porteurs.
Si la prévention ne suffit pas, un traitement à base de collyre permettra d’aider les yeux à se remettre. Les séquelles sont rares et même après plusieurs heures de cécité, les patients concernés récupèrent généralement leur vue. La brûlure de surface protégeant le reste de l’œil. Sans tenter l’ascension de l’Annapurna, il est tout à fait possible d’être confronté à ce problème lors de vos vacances au ski. Pensez à vous assurer que vos lunettes de soleil offrent le bon niveau de protection, les enfants doivent également en porter.
Illustrations – soleil en montagne © Pixabay
Jaruzelski déporté en Sibérie par les Russes en 1940 a dû porter des lunettes noires pour le restant de ses jours