Que s’est-il passé début février dernier quand Ali Sadpara, John Snorri et Juan-Pablo Mohr ont disparu au cours de leur tentative d’ascension hivernale du K2 ? Petit à petit, des témoignages, des photos et peut-être bientôt le contenu de la caméra de Snorri… la chronologie des événements se dessine sur le K2 notamment depuis le repérage des trois corps. Mais de nombreuses questions subsistent.
En attendant de découvrir le contenu de la caméra de John Snorri, pour peu qu’il soit exploitable, un grimpeur ukrainien a donné quelques renseignements à RussianClimb sur les corps croisés lors de son ascension du K2 il y a quelques jours. Les trois n’étaient pas au même endroit. Juan-Pablo était à quelques dizaines de minutes du Camp 4. Camp qui était peu ou prou inexistant cet hiver. C’est le Camp 3 qui a servi de dernier camp avant le départ vers le sommet. Quant aux deux autres, une photo (voir ci-dessous) les positionne au niveau du Bottleneck (vers le haut). Un passage exposé plus proche du sommet.
Les trois hommes descendaient !
Autre détail donné par Valentine Sipavin, Snorri et Sadpara étaient reliés à la corde fixe. L’« un par un descendeur, l’autre par un nœud coulissant ». De tels systèmes tendent à démontrer que les deux hommes étaient en train de descendre. Le dernier endroit où ils ont été vus vivants était le bas du Bottleneck. Quand Sajid Sadpara (le fils d’Ali) a fait demi-tour au matin du 5 février, vers 10h. Quelques heures plus tard, il expliquait : « Tout le monde allait bien et avançait à un bon rythme ». Ils continuaient donc leur montée.
Si les trois disparus sont bien sur la voie, et attachés à la corde fixe, plusieurs hypothèses peuvent manifestement être écartées comme celle d’une avalanche ou d’une chute de séracs qui aurait emporté les trois hommes. Des témoignages ont rapportés que John Snorri et Ali Sadpara ne portaient plus de masque et de bouteille d’oxygène. Un détail à confirmer qui aurait pu jouer un rôle dans l’exposition des alpinistes à la très haute altitude, et dans leur résistance au froid. Oxygène ou pas, les conditions hivernales du K2 conjuguées à l’altitude très élevée peuvent vite faire de cette montagne un enfer. Rien n’indique, à ce stade, que les trois hommes soient allés au sommet.
Exposition à la haute altitude, manque d’oxygène, très grand froid accentué par le vent, fatigue. Ce cocktail pourrait bien être responsable de cette tragédie. Espérons que nous en saurons plus dans les heures à venir !
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