Saison exceptionnelle au K2 pour les locaux, et pour cause : les sherpas pourraient être les grands absents de cet été. Les guides pakistanais vont-ils saisir cette occasion ?
Dans les expéditions commerciales sur les plus hauts sommets du monde, les sherpas ont généralement un rôle central. Ce sont eux qui réalisent une mission centrale : l’ouverture de la voie et la pose de cordes fixes. S’agissant d’accompagner des clients jusqu’au sommet en limitant les risques, c’est un passage obligé. D’autant que parfois, ces derniers n’ont qu’une expérience très relative de la haute montagne. Les cordes fixes se transforment alors en ligne de vie indispensable. Cet été, les restrictions imposées initialement par les autorités pakistanaises devraient fortement limiter le nombre de sherpas rejoignant les montagnes du Karakoram .
Une situation qui pourrait bénéficier aux acteurs locaux car si quelques expéditions se maintiennent, elles devront se passer de sherpas. L’Espagnol Jordi Tosas a ainsi annoncé prendre la tête d’une équipe de guides pakistanais. Ensemble, ils installeront ces fameuses cordes fixes. Tosas endossera un rôle de « formateur et grimpeur » comme il l’indiquait au magazine espagnol Alpinismonline (lien en espagnol). Dans cette interview, il expliquait combien il est crucial de participer à la formation des acteurs locaux.
Eté au Karakoram : on y va, on n’y va pas ?
Dans une période encore incertaine vis-à-vis de la pandémie de covid, Tosas explique sa décision de participer à cette expédition en précisant que l’ « équilibre est difficile ». Equilibre entre mettre en danger cette région et l’agonie financière dans laquelle sont plongés des locaux qui n’ont pas vu un touriste depuis des mois.
D’autres ont préféré annuler. L’Andorrane Stefi Troguet explique l’état d’esprit dans lequel elle a renoncé : « je suis revenue du Dhaulagiri vidée. Attristée par la tournure des choses ce printemps en Himalaya ». Elle mettait en avant l’égoïsme de certains et le constat que les sommets devaient être gravis quoiqu’il en coûte. Une approche qu’elle ne partage pas. Il y a quelques semaines, elle était au camp de base du Dhaulagiri, aux premières loges pour voir les effets de la pandémie de covid-19 en haute altitude .
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