De nombreux alpinistes sont en route vers le sommet de l’Everest, au cœur d’une fenêtre météo incertaine, bordée par l’impact de deux épisodes cycloniques.
Les icefall-doctors ont prévenu tout le monde. Avec les conditions de cette année, ils « fermeront » la cascade de glace le 29 mai. Au-delà, il ne faudra plus compter sur leur itinéraire tracé et équipé à travers ce tortueux glacier qui relie le Camp de base, le Camp 1 et le Camp 2. C’est donc maintenant ou jamais. Sauf que les conséquences d’un lointain cyclone ne sont pas neutres sur l’Everest : des vents forts, des chutes de neige. Ces derniers jours, la météo était très instable sur le toit du monde. Forçant plusieurs équipes à changer leurs plans en dernière minute. Certains ont préféré rester un jour de plus au Camp 2, d’autres attendaient au Camp 3, d’autres encore étaient toujours au camp de base, dans l’attente d’une fenêtre météo plus probante.
Everest, dernière fenêtre : il faut se décider !
Sur ce sujet, le dernier billet de Pascal Denoël, baptisé « La décision », vaut le détour. Dans ce texte, le chef d’entreprise français qui vise une ascension de l’Everest sans oxygène raconte les heures difficiles qui ont précédé la décision du jour de départ vers le sommet. Il explique les raisons qui rendent la météo incertaine. Il détaille aussi le besoin de visibilité des expéditions. Entre le jour de la décision et le retour au camp de base, il peut s’écouler 6 jours. Il faut donc arriver à trouver une fenêtre météo relativement fiable dans laquelle contiendrait cette période de 6 jours. On connait les difficultés en plaine d’avoir une météo fiable à 6 jours, alors dans un milieu aussi complexe que l’Himalaya, on comprend le problème.
Il explique aussi que face aux arguments des uns et des autres, l’émotion prend parfois le dessus, l’envie d’aller enfin au sommet, même si ce n’est peut-être pas le bon moment. L’équipe qui s’effrite quand la décision prise ne convient pas à tout le monde. Les uns et les autres qui ont leur prévisionniste favori qu’ils veulent croire les yeux fermés. Et l’empirisme des sherpas : « D’ailleurs, au cours du débat, le chef des sherpas a dit que traditionnellement ils allaient au sommet le 21 mai. Bigre, en voilà de la science ! » écrit Pascal Denoël. N’hésitez pas à lire ce billet, il est vraiment passionnant sur les rouages du processus de décision !
D’autres sont en route vers le camp 4 !
Pendant ce temps, d’autres Français n’ont pas décalé leur montée. Jonathan Lamy vient de quitter le Camp 3 à destination du Camp 4. A la faveur du vent qui s’est calmé, son équipe (ou ce qu’il en reste, plusieurs membres ont abandonné ces derniers jours) veut croire à un sommet ce week-end. D’autres équipes comptent attendre un jour de plus au Camp 4, préférant le 23 mai. D’après les comptes d’Alan Arnette, ce seraient quelques 250 à 300 grimpeurs qui pourraient profiter de cette dernière fenêtre météo. Car dès le 26, 27 mai, c’est l’impact d’un nouveau cyclone formé dans le golfe du Bengale qui pourrait venir doucher les espoirs d’une autre fenêtre météo.
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