Céline est une lectrice d’Altitude, elle nous raconte son expérience récente au Népal. Elle a découvert le pays au démarrage de la pandémie de covid-19. Voici son récit, entre le rêve d’aventure qui devient réalité, et la fin un peu abrupte…
« Faire un trek au Népal »
Un projet né en 2018, faire un trek au Népal… moi qui aime la montagne et suis attirée par le bouddhisme, à la recherche d’évasion et d’authenticité… il ne restait plus qu’à trouver la période… ce sera en Mars 2020.
Automne 2019, mon ami et moi achetons nos billets, le rêve va devenir réalité..
Oui mais le Népal c’est vaste, pas si simple de choisir l’endroit… pas envie de côtoyer les foules de l’Everest, ou de l’Annapurna… Envie d’être proche des locaux et de vivre simplement, sans les contraintes d’un groupe… après avoir fait le tour de quelques agences françaises et sites internet, nous contactons une agence locale située à Katmandou, Napoleon Trekking. Le responsable, Suraj, est à notre écoute, et nous aide dans le choix de notre destination, en fonction de notre condition physique, la durée, le budget…
Cap sur le Langtang
Ce sera donc le Langtang, région qui a terriblement souffert du tremblement de terre en 2015, qui est en pleine reconstruction, et a besoin des touristes pour surmonter les difficultés financières. Nous choisissons d’avoir recours à un guide et un porteur, nous pourrons ainsi vivre pleinement ce trek de manière confortable, et en contribuant à la vie économique de ce pays.
Début janvier, nous profitons de la période des soldes pour nous préparer. En bon Normands, nous sommes équipés pour la pluie… Mais le froid et la neige nous attendent, le parcours devant nous emmener à 4985 mètres… ces achats nous mettent en liesse, nous avons hâte de découvrir ce beau pays et l’immensité de ses paysages !
« Le covid-19 pointe le bout de son nez »
Janvier, c’est également la période où le Covid 19 pointe le bout de son nez en Chine… le Népal est frontalier…Cependant pas de risque, les Chinois ferment leurs frontières et se confinent, drôle d’idée !
Février, le virus gagne du terrain en Europe, et en France. Je contacte régulièrement Suraj pour suivre l’actualité du pays, le Népal n’est toujours pas atteint (1 unique cas déclaré), il n’y a pas de raison d’annuler.
Début Mars, la tension monte. Le confinement prend de l’ampleur dans certains pays, heureusement la France n’en parle pas. Doit-on boucler nos bagages ? Nos affaires sont entassées et ne demandent qu’à être emballées. Ce projet, mûri depuis plusieurs mois, ne peut tomber à l’eau à cause d’un simple virus, d’autant plus que nous ne savons pas quand nous pourrons le reporter… Alors malgré les contraintes, nous décidons de partir.
Un certificat médical comme sésame
La veille du départ, Suraj nous informe qu’il nous faut un certificat justifiant notre négativité face à ce virus pour entrer sur le territoire népalais.. le stress est à son comble ! Je contacte l’ambassade française du Népal ; l’ambassadeur, un docteur, me dit qu’un certificat rédigé en anglais, attestant de notre état de santé actuel devrait suffire. Nous arrivons tant bien que mal à obtenir un rendez-vous chez notre docteur qui nous délivre ce fameux certificat… Youpi ! Cet obstacle est passé, nous décollons dans 24h…
Le voyage se déroule sans encombre, peu de touristes dans les aéroports, donc peu d’attente, c’est plutôt agréable.
Mercredi 11, nous allons enfin fouler le sol népalais… Séance de désinfection à notre arrivée à l’aéroport. Un taxi nous attend, direction l’hôtel, puis nous allons faire la connaissance de Suraj, qui nous reçoit dans sa petite agence. Nous sommes heureux de nous rencontrer, cela n’était pas gagné.. Beaucoup de touristes ont annulé leur voyage, la situation devient dure financièremet pour les Népalais, qui sont dépendant de cette manne étrangère. Nous passons en revue notre trek, rdv donné dans 2jours à 6h.
« La plupart des Népalais portent un masque »
Nous profitons de cette première journée pour découvrir Katmandou et son tohu-bohu. 25° la chaleur nous accable, nous qui étions encore en mode hiver en France. La plupart des Népalais portent un masque, pas à cause du Covid mais pour se protéger de la pollution.
L’air est en effet irrespirable dans ce dédale de rues, entre pots d’échappement des nombreuses motos et poussières… Vivement l’air pur de la montagne. Drôle de ville, avec ses temples, qui ont poussé à tous les coins de rues, la vie locale est complètement intégrée à ces vestiges historiques, des vendeurs ambulants sont installés dessus, dedans… Entre temps, les Népalais, majoritairement hindouistes, s’arrêtent et se recueillent… on imagine difficilement ces scènes de vie simple dans nos grandes villes.
Vendredi 13, 6h du matin, départ imminent pour le trek, nous rencontrons nos guide et porteur, Jhanak et Vena ; en route à l’assaut de la chaine himalayenne ! 8h de route en bus local pour rejoindre Syabrubresi, départ de notre périple. L’aventure commence, le paysage défile sous nos yeux, les gens vont et viennent dans ce bus, Nous nous immisçons dans la vie locale…
« Seul un après-midi de neige viendra assombrir le paysage »
Puis le trek commence, c’est parti pour 6 jours de marche, à la découverte de la population locale ; les villages étapes nous permettrons d’effectuer l’ascension doucement, afin de nous acclimater. Le ciel bleu azur nous tient compagnie. Seul un après-midi de neige viendra assombrir le paysage, habillant de blanc les maisons et chemins, donnant des couleurs merveilleuses à cette belle montagne les jours suivants. Malgré sa bonne condition physique, mon ami n’échappera pas au mal des montagnes, qui ternira légèrement l’ascension de ce sommet de 4.985m (une grande première pour nous), mais avec sa ténacité, il grimpera jusqu’à 4.900.
Lors de ce périple, nous rencontrons des touristes étrangers de tous horizons, du Canada à l’Australie, en passant par Israël. Les journées de marche se terminant tôt, nous nous retrouvons le soir au coin du feu pour nous réchauffer car les chambres des lodges sont fraîches, et nous échangeons sur nos cultures, la situation actuelle dans nos pays… Chacun évoque sa crainte de ne pouvoir rentrer, les vols étant annulés, les frontières fermées… Mais grâce à la gentillesse et la douceur de vivre des népalais, nous ne ressentons pas de stress et vivons notre aventure avec plénitude, les problèmes nous semblent loin…
« Les problèmes nous semblent loin »
Nous ne nous déconnecterons pas autant qu’on l’aurait souhaité. Nos enfants, majeurs, étant en France, nous restons régulièrement en contact afin de suivre l’actualité liée au Covid-19, le confinement… Puis le 20 mars, le responsable de l’agence nous informe que le Népal va également se confiner, fermer son aéroport. Grâce à sa collaboration, nous anticiperons notre départ de deux jours, histoire d’assurer le retour…
Le trajet vers Katmandou se fait dans une drôle d’atmosphère, les 8h de route sont jalonnées de véhicules provenant de la capitale, les écoles ayant fermé la veille, les enfants retournent dans leurs villages… Les voitures sont chargées à bloc, exode urbain, on pourrait se croire en temps de guerre.
« Les rues sont désertes »
Arrivés dans le quartier touristique de Thamel, les rues sont désertes, il n’y a quasiment plus de touristes, les locaux ont pour ordre de fermer leurs boutiques le lendemain soir… La fin de ce séjour est un brin tristounette…
Cependant, nous retiendrons de cette belle aventure des images magnifiques dans la tête, les monts enneigés, les villages colorés, le visage souriant des népalais, la gentillesse de nos guide et porteur, Jhanak et Vena, qui nous ont contribué à la réussite de ce premier trek. Nous n’avons qu’une envie, y retourner l’an prochain, découvrir une nouvelle région, mais cette fois sans pandémie…
Illustration © Céline et Jean-Luc