Il y a quelques jours, un alpiniste était « sauvé » des pentes de l’Annapurna par hélicoptère. Pourtant, il aurait préféré descendre plus vite pour se reposer pour une nouvelle ascension quelques semaines plus tard.
L’industrie des expéditions himalayennes a démontré ce printemps sa capacité à utiliser l’hélicoptère dans de nouvelles applications inédites. Après la livraison à plus de 7.000 mètres de matériel de nourriture et de vivres, un autre vol a eu lieu quelques jours plus tard. Tout aussi discutable. Un alpiniste venu de Taiwan, Lu Chung-Han « Ago » appelait au secours depuis le Camp 3, se plaignant de gelures. On imaginait donc le grimpeur exténué incapable de marcher et de descendre par ses propres moyens, sauvé in extremis par le courage d’un pilote.
Annapurna : le grimpeur appelle l’héli-taxi au Camp 3 ?
Pourtant, l’organisation de son expédition présentait, naturellement, une toute autre version des faits. « Parce qu’un nouveau 8.000 suit le précédent : le Dhaulagiri et ses 8.167m, Ago a demandé à son agence qu’un hélicoptère vienne le récupérer pour rentrer se reposer à Katmandou ». Sans cet hélico taxi au camp 3 de l’Annapurna, l’alpiniste n’aurait pas eu autant de repos pour enchaîner sur l’ascension du 8.000 voisin. Son équipe de communication continue d’évoquer une ascension imminente sur le Dhaulagiri. Une telle entreprise serait impossible dans le cas de gelures empêchant de descendre de l’Annapurna.
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Reste que sur l’Annapurna, Ago avait réalisé l’ascension sans oxygène. Mais pourra-t-on vraiment parler d’ascension dans la mesure où il n’est pas revenu au camp de base par ses propres moyens ? Pour rejoindre le Dhaulagiri, Ago devrait faire comme nombre d’alpinistes : prendre un nouvel hélicoptère jusqu’au camp de base. Rappelons qu’au Népal, au-dessus du camp de base, l’utilisation de l’hélicoptère à d’autres fins que du secours est interdite.
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