A l’Everest, le camp de base népalais fourmille. Cette année, il devrait y avoir autant de grimpeurs qu’en 2019. Ce printemps là, la saison avait tourné au chaos. Et 11 alpinistes avaient perdu la vie. Se prépare-t-on à la même tragédie, au même chaos à l’Everest ?
Pour répondre à cette question, balayons les différentes raisons qui ont fait de 2019 une année si catastrophique. Et voyons si quelque chose à changer.
L’inexpérience des « alpinistes »
En 2019 comme aujourd’hui, certaines agences d’expéditions ne sont guère regardantes sur l’expérience et le profil de ses clients potentiels. On retrouve régulièrement des prétendants au sommet qui n’ont jamais enfilé de crampons, qui n’ont jamais dépassé les 5.000 mètres d’altitude et dont la forme physique n’est pas toujours au rendez-vous. La plupart ne sont pas non plus sensibilisés aux symptômes du mal des montagnes et à leur détection par le grimpeur pour éviter le pire.
Au lendemain de la saison 2019, les autorités népalaises avaient avancé l’idée d’une nouvelle règlementation. Qui obligerait une première expérience au-delà de 6.500 mètres. Mais cette règle n’est plus d’actualité. La principale nouveauté de cette année étant l’interdiction de prendre des photos d’autres équipes. Pas de quoi améliorer la sécurité des ascensions. Cette année encore, le camp de base compte nombre de grimpeurs sans expérience.
DERNIERE MINUTE ! Le Département du Tourisme népalais vient de publier des règles de dernières minutes. Ordonnant les accès au sommet par les numéros de permis. Les permis 6 à 38 dans la première fenêtre météo, puis les 40 à 68 et enfin les derniers permis. On ne doit pas excéder 170 grimpeurs en un seul push. Et les agences peuvent s’entendre pour ajuster cet ordre de passage tant qu’elles restent dans ce nombre maximum d’alpinistes par push. Comment cette nouvelle règle pourra-t-elle et sera-t-elle appliquée ? Affaire à suivre.
Météo et embouteillages
En 2019, la fenêtre météo optimale n’avait duré que quelques jours autour des 22 et 23 mai. En deux jours, quelques 579 grimpeurs étaient arrivés au sommet (Chiffres Himalayan Database). Sans compter les dizaines qui n’étaient pas arrivés jusqu’au sommet mais qui se trouvaient aussi sur la montagne. Il est trop tôt pour se prononcer sur la météo du mois de mai 2021. Mais ce facteur est décisif. Un meilleur étalement des équipes sur une plage plus large fluidifierait le trafic. Moins d’embouteillages, c’est un gage de sécurité. Car les grimpeurs à l’arrêt passent plus de temps que prévu à des altitudes très importantes, ils se refroidissent, ils s’épuisent, ils consomment aussi leur oxygène en bouteille. Bref, ils sont plus vulnérables au moindre imprévu. Et sur une arête bouchonnée, s’il faut redescendre en urgence pour raison de santé, c’est parfois mission impossible.
Au-delà de la météo que l’on ne peut changer, la communication et l’entente entre les équipes est clé. En 2019, elle n’avait pas fonctionné à plein. Les 21 et 24 mai, la météo était correcte et permettait potentiellement d’étaler les groupes. Mais faute de coordination, rares sont les expéditions à avoir pris la décision de se reporter sur ces jours-là. Les leaders d’expéditions seront-ils plus capables de s’entendre cette année ?
Alors, Everest 2021 = Chaos garanti ?
Rien n’indique que la saison se terminera mieux qu’en 2019. Les principales causes des problèmes de 2019 n’ayant pas vraiment été prises en compte. Ni par les autorités, ni par les opérateurs, qui continuent – pour certains – à accepter des clients sans expérience. Il ne reste plus qu’à espérer que la montagne sera clémente et qu’une bonne météo permettra un étalement « naturel » des grimpeurs. A suivre dans quelques jours.
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