Gravir l’Everest ou le Manaslu avec un hélicoptère pour ne pas trop se fatiguer ? L’héli-doping serait-il une nouvelle norme en Himalaya ?
Un sherpa a récemment partagé la vidéo d’un hélicoptère se posant au Camp 1 du Manaslu. A environ 5.700 mètres d’altitude. Sur les images, on voit nettement des alpinistes descendre de l’appareil et en sortir des sacs. Ce film est supposé avoir été tourné à l’automne dernier, lors de l’expédition de la Garde Royale de Bahreïn sur ce « 8.000 » du Népal. Une équipe qui a vanté son succès au sommet mais qui pourrait bien avoir été aidée par un peu de kérosène et un pilote aguerri au vol en haute montagne. D’autant plus d’actualité que la même équipe est à nouveau au Népal ce Printemps. Nouvelle cible : l’Everest. Alors, avec ou sans hélicoptère ?
Héli-doping : une question d’éthique ?
Comme pour l’utilisation de l’oxygène à très haute altitude, ou le recours à des sherpas personnels, nombre d’aides sont offertes (vendues) aux alpinistes pour qu’ils puissent arriver au sommet. L’alpinisme n’étant pas une discipline sportive structurée au plan international, les règles d‘éthique et les bonnes pratiques ne sont pas écrites. Chacun peut appliquer sa propre façon de voir les choses. Nombre d’alpinistes veulent gravir les montagnes « by fair means ». Dans cette expression tout droit sortie de la tradition britannique pour l’alpinisme, il faut comprendre « sans aide extérieure, de façon honnête ». Utiliser un hélicoptère pour réaliser un bout de l’ascension n’est clairement pas la définition de « by fair means ».
Une pratique interdite mais qui existe de facto
Mais au-delà de l’éthique discutable d’alpinistes qui préfèrent se faire héliporter au Camp 1 que faire l’ascension depuis le Camp de Base, ce genre de pratiques est tout bonnement interdit. Au Népal, comme le rappelle Stefan Nestler (lien en anglais), il est formellement interdit de se poser plus haut que le camp de base, sauf s’agissant de vols de secours. Dans le cas de cette vidéo, rien n’indique qu’il s’agisse d’un sauvetage, bien au contraire. Cette pratique n’est pas nouvelle.
Malgré l’interdiction, un autre cas, en 2014, est connu de tous. Ce printemps-là, une alpiniste chinoise avait eu recours à un hélicoptère pour rejoindre directement le Camp 2 sur l’Everest. Elle avait ensuite réussi l’ascension du sommet et les autorités népalaises lui avaient bien remis un certificat de sommet. S’agissant de la législation pour la pratique de la montagne, le Népal est friand de nouvelles règles, mesures et interdictions. Comme il y a quelques semaines, avec l’interdiction de prendre des photos d’autres équipes. Pour autant, les règles restent peu appliquées et les contrevenants rarement sanctionnés.
Illustrations © Karma Sherpa FB
Trop polluant comme pratique. J’espère que cela ne va pas se développer.