Au K2, trois alpinistes ont disparu ces derniers jours dans leur tentative de sommet. Le dernier contact avec eux a eu lieu à 8.200 mètres. A plusieurs heures de difficile progression du point culminant (8.611m). Pourtant, de nombreux médias affirment qu’ils sont arrivés au sommet. Les fakenews sont donc devenues une réalité sur les pentes du K2.
Les faits : 3 disparus dans leur tentative de sommet du K2
Des hélicoptères ont tenté, en vain, de retrouver la trace d’Ali Sadpara, Juan-Pablo Mohr et John Snorri. Ces trois alpinistes ont tenté la très difficile ascension hivernale du K2. Le second sommet de la planète. Vendredi 5 février, un quatrième grimpeur faisait demi-tour à 8.200 mètres, en laissant le trio aller vers le sommet. Ce témoignage est la dernière preuve de vie des 3 hommes. Ils voulaient certainement arriver à la cime de cette montagne. Peut-être même y sont-ils arrivés. Personne ne sait.
Une chose est certaine, ils n’en sont jamais descendus. Et par convention, un sommet est considéré grimpé que lorsque les ascensionnistes sont de retour dans la vallée. L’atteinte du sommet n’est de toute façon une hypothèse, ils ont peut-être connu des difficultés avant même de parvenir à 8.611 mètres. Personne ne sait, et l’absence de la moindre trace relevée par les hélicoptères ces derniers jours n’aide en rien.
Les fakenews du K2
Pourtant, dès vendredi 5 février et dans les jours qui ont suivi, plusieurs médias, notamment pakistanais, se sont empressés d’annoncer la réussite des trois alpinistes. A commencer par le héros national, Ali Sadpara. On peut comprendre le désir d’une nation toute entière de voir un de ses compatriotes hisser le drapeau national au sommet du K2. La montagne phare du Pakistan. Jamil Nagri, journaliste pour le quotidien Dawn, ne cesse de défendre cette thèse, sans apporter aucune preuve. Il l’évoquait dès le 6 février dans un article en une de son journal.
Plusieurs faux comptes sur les réseaux sociaux, notamment aux noms d’Ali ou Sajid Sadpara ont soutenu cette « vérité alternative », affichant notamment des photos d’Ali Sadpara au sommet d’autres montagnes. Le soir même, plusieurs chaînes de télévision du pays diffusaient l’information avant de se rétracter quelques heures plus tard. Y compris la chaîne publique PTV. La presse chilienne a également repris pour argent comptant ces informations erronées avant de faire machine arrière et de présenter des excuses à ses lecteurs.
L’absence de preuves
Aux nombreux internautes qui lui demandent des preuves de ce sommet, il avance ses pions : « Tour Operator, expedition staff, fellow climbers, devices, timing ». Il cite même « le fils de Sadpara » comme source de l’information. Ce quatrième alpiniste qui a fait demi-tour à 8.200 mètres et qui n’en sait pas plus que nous. Dans une déclaration à son retour à Skardu, il disait vouloir « croire à la réussite » des trois hommes, ce qui ne constitue pas un fait.
Quant aux autres preuves avancées par Nagri, elles sont inexistantes. Les appareils évoqués, à l’image des trackers GPS de Juan-Pablo Mhr ou de John Snorri ont cessé de fonctionner au-delà de 7.000 mètres. Le froid et la faiblesse des batteries les a rendu totalement inopérants. Au camp de base, les responsables sont clairs. Rien ne prouve l’atteinte du sommet, aucun contact avec les grimpeurs n’a permis de l’attester. Quant aux autres grimpeurs sur la montagne, à l’exception de Sajid (le fils d’Ali), tout le monde a fait demi-tour à 7.300 mètres, au niveau du Camp 3. Bien loin pour voir ou savoir quoi que ce soit.
En cette fin de saison hivernale, seuls 10 Népalais sont arrivés au sommet du K2 en hiver. C’était le 16 janvier dernier.