Alors que l’un des fervents défenseurs de l’oxygène en altitude pourrait atteindre le sommet du K2 cet hiver, Denis Urubko s’est fait entendre. La légende de l’himalayisme a pris la parole pour redire son attachement à un alpinisme sans oxygène, sans aide d’aucune sorte.
Dans une publication sur son compte Instagram, Denis Urubko a (ré)expliqué sa position sur le recours à de l’oxygène. L’« oxygène est un puissant dopant » affirme-t-il pour introduire son propos. Il souligne comment le dopage est considéré dans toutes les disciplines sportives, de la boxe au vélo en passant par la course ou le ski. Une personne qui réalise une ascension avec de l’oxygène ne peut « la déclarer comme une réalisation sportive ». L’alpinisme n’est pas une discipline comme les autres avec des règles écrites par des Fédérations. Les règles tacites qu’évoque ici Urubko sont partagées par de nombreux grimpeurs. Mais chacun est libre d’en faire ce qu’il veut.
Il rappelle que la logique était bien différente « entre 40 et 100 ans en arrière ». A ces époques, l’utilisation de l’oxygène était une aide importante. En 1953, la première ascension de l’Everest utilisait de l’oxygène. Et personne n’était choqué. Mais « les temps ont changé, avec plus d’expérience, d’entrainements, de préparation psychologique, de meilleures prévisions météo. Et de rappeler en réponse à la question d’un internaute l’exemple donné par Adam Bielecki il y a quelques jours. Pourquoi ne pas « faire le Tour de France en vélo électrique ? » .
Quand Denis Urubko épingle certains grimpeurs du K2 ?
Il s’étonne que les grimpeurs qui utilisent de l’oxygène se présentent « comme des héros ». Est-ce une petite pique à l’attention de l’incontournable Nims Dai ? A grand renfort de photos sur les réseaux sociaux, l’ancien soldat d’élite peaufine son image de héros. Il donne l’image d’un homme sûr de lui, que les aléas de l’expédition n’atteignent pas. Il a commencé ce travail en 2019 quand il a décroché le record de vitesse d’ascension de tous les 8.000 de la planète. Si sa réussite est indéniable, l’utilisation d’oxygène sur certains sommets l’est tout autant. Il n’a pas précisément évoqué ce qu’il souhaitait faire sur le K2.
En savoir plus : Denis Urubko a tenté par deux fois de gravir le K2 en hiver. En 2002-03 et 2017-18, via deux itinéraires différents. Sur ces deux voies, c’est lui qui détient le record d’altitude. Il a également réalisé deux premières ascensions hivernales sur des 8.000. Le Makalu en 2009 (avec Simone Moro), et le Gasherbrum II en 2011 (avec Moro et Cory Richards). Comme il l’expliquait cet été, il n’exclut pas de revenir sur le K2 en hiver, même s’il a annoncé son départ en « retraite » .
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