Des alpinistes professionnels très forts, des personnalités très médiatisées, des débutants, des clients rompus aux expéditions commerciales, tous les profils et toutes les expériences sont représentées au K2. Et cette diversité n’est pas forcément une bonne nouvelle.
Le camp de base du K2 sera étonnamment fréquenté cet hiver. Personne n’a jamais réussi à gravir cette montagne en cette saison, et tout le monde semble s’être donné rendez-vous ce même hiver 2020-2021. La diversité des profils en lice ajoutée au nombre imposants de grimpeurs souhaitant inscrire leur nom dans l’histoire du K2 est évidemment source d’inquiétude.
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Gare aux dysfonctionnements entre équipes
Comment ne pas se rappeler les hivers passés sur cette même montagne. Ils nous ont appris que les difficultés de communication entre les équipes pouvaient être une source majeure de problème. Que les problèmes de leadership au sein même des équipes étaient également une source d’échec, et pire : de danger.
Il faut dire que sur la plupart du parcours, la voie est étroite. Il est difficile de ne pas se marcher sur les pieds. Les uns vont devoir attendre que les autres montent et que les derniers descendent. Il sera bien compliqué de s’éviter. Près d’une soixantaine d’alpinistes, professionnels ou amateurs, devraient être rassemblés au camp de base dans les prochaines heures. Certains camps peuvent difficilement accueillir plus de 5 ou 6 tentes… Pour éviter les dangereux embouteillages, il faudra obligatoirement collaborer.
K2 : Les statistiques ne mentent pas…
Dès lors que tout le monde va se retrouver dans la voie (l’Eperon des Abruzzes), tout dysfonctionnement entre les équipes pourra se payer cher. Car le K2 n’est pas qu’une montagne jamais gravie en hiver, c’est un 8.000 factuellement très dangereux. Sur les dernières années, près d’un grimpeur sur 5 qui s’attaque au K2 n’en revient pas vivant. Sur 60 alpinistes au départ, une dizaine de morts serait en-deçà du taux de mortalité moyen.
Les sherpas en sursis
Au-delà de la concurrence entre équipes et des égos qui peuvent poser problème, le manque d’expérience et l’impréparation de certains clients est à signaler. Un manque d’expérience qu’on a l’habitude de voir au camp de base de l’Everest au printemps. Les sherpas, qui vont devoir « s’occuper » de certains vont avoir fort à faire. En portant plus de poids, en aidant leurs clients, ces derniers se mettent en danger. Régulièrement, les sherpas payent un lourd tribut à l’exploitation « touristique » des 8.000. Ils seront une trentaine cet hiver, à travailler sur le K2.
Illustrations K2 Danger © sst