Les expéditions commerciales à l’Everest ne sont pas un long fleuve tranquille. Elles sont souvent dépeintes comme une surexploitation de la montagne. Au-delà des images d’embouteillages en files indiennes, certains clients (pas tous heureusement) sont le cauchemar des opérateurs d’expéditions. Sélection des pires clients des expéditions à l’Everest.
Des prétendants au sommet qui n’ont aucune expérience (et qui le cachent) aux magnats persuadés qu’ils achètent le sommet. En passant par les menteurs qui affirment sans scrupule avoir accompli une ascension sans être allés au sommet. Exemples réels de ce que les guides et sherpas rencontrent sur le plus haut sommet du monde.
L’inexpérimenté cachotier
Venu de Seine-Saint-Denis, Nadir Dendoune n’avait aucune expérience de la haute montagne. Pour « intégrer un groupe de professionnels, j’ai pipeauté mon CV. A l’organisateur de l’expédition, j’ai fait croire que j’avais grimpé le Mont-Blanc et le Kilimandjaro. J’aurais pu aussi bien dire l’Annapurna ou la Lune, ça ne coûtait pas plus cher. » explique Dendoune dans son livre Un tocard sur le toit du monde. Malgré son manque d’expérience, le Français avait réussi à atteindre le sommet de l’Everest, notamment grâce à une très bonne condition physique et une volonté d’apprendre très marquée.
Ce profil n’est pas isolé. Car les agences d’expéditions sont de plus en plus regardantes sur les expériences passées. Côté Tibet notamment, l’obligation d’avoir déjà gravi un 8.000 est de rigueur pour les prétendants à l’Everest. Quand les autorités l’exigent, les agences vérifient les certificats d’ascension. Mais au Népal, rien de tout cela et nombre d’opérateurs font confiance à leurs clients potentiels. Et on retrouve sur la montagne des grimpeurs avec des crampons à l’envers, preuve s’il en est de leur inexpérience.
Le livre de Dendoune a donné lieu à un film en 2017 : l’Ascension.
Le clients procédurier
Sous prétexte qu’une ascension coûte très cher, certains clients considèrent à tort que la dépense leur garantit le sommet. Si les guides mettront toute la bonne volonté à aider les clients à parvenir au sommet, l’atteindre n’est jamais une certitude. Et les réclamations de remboursement sont légion.
En automne 2019, l’agence Madison Mountaineering en a fait les frais d’une manière fracassante. Quand un homme d’affaire de Californie a poursuivi en justice son guide au motif qu’ils n’avaient pas dépassé le camp de base. Les dommages et intérêts réclamés porteraient un coup fatal à l’agence si le jugement lui était défavorable. Le client était resté au camp de base car les conditions automnales de l’Everest ne permettaient pas d’emmener qui que ce soit en sécurité au-delà du camp de base. Mais il ne l’entend pas de cette oreille et c’est un tribunal américain qui devrait trancher le litige. La profession se range derrière le guide, une jurisprudence en faveur du client mettrait en péril toute l’industrie touristique des ascensions.
On pourrait également évoquer le radin qui refuse de donner son fameux pourboire de fin d’expédition à ses sherpas ou qui en limite le montant. Cette somme étant une composante essentielle de la rémunération de ces membres indispensables aux ascensions.
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Le menteur qui n’a pas dépassé le camp de base
Chaque année, quelques « alpinistes » défraient la chronique en étant pris la main dans le sac. Généralement avec des montages photos bidonnés, ils expliquent qu’ils ont réussi le sommet de l’Everest. Même si personne ne les a vus là-haut le jour J. Bien souvent, il s’agit de grimpeurs qui ont dû faire demi-tour mais qui ne veulent pas rentrer chez eux en confessant ce qu’ils considèrent comme un échec. Ces clients peuvent même revenir chez eux avec un certificat attestant du sommet, fruit du manque de vigilance des uns et de la complaisance des autres. Cette année, un d’entre eux a même reçu un prix dans son pays pour le féliciter pour ses exploits. L’histoire ne dit rien de son niveau en alpinisme, mais son niveau de pratique de Photoshop n’est pas brillant.
Fort heureusement pour les guides et organisateurs d’expéditions, les clients peuvent également être honnêtes, expérimentés, préparés et comprendre les contraintes que la montagne fait peser sur ce type d’aventures.
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