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Gravir l’Everest serait de moins en moins dangereux ? Cette étude va un peu vite en besogne…

Publiée la semaine dernière, une étude de l’Université de Washington (en anglais) s’est intéressée à l’Everest. Le toit du monde fascine et attire chaque année des centaines de grimpeurs. Saison après saison, la presse internationale se fait l’écho d’une montagne dangereuse et de nombreux accidents mortels. Face aux nombres de morts, des images d’embouteillages en files indiennes toujours plus fréquentes. Des alpinistes qui avancent les uns derrière les autres, délaissant les plus faibles incapables d’aller au sommet. Voilà pour le marronnier de la presse. Mais l’Everest serait-il, au fil des années, moins dangereux ?

Un taux de mortalité stable au fil des années

Avec l’aide d’une équipe de l’Université de Californie, les scientifiques américains se sont intéressés aux chiffres derrière l’Everest. Aux statistiques d’ascension. Leur résultat est clair. Malgré une augmentation massive du nombre de grimpeurs en une décennie, le taux de mortalité n’a pas flambé. Au contraire, il est resté stable voire en léger déclin. Mathématiquement, le nombre de victimes a lui augmenté. 1% de 1.000, c’est effectivement beaucoup plus d’alpinistes en perdition qu’1% de 200. L’étude montre également que le taux de réussite sur cette ascension a clairement augmenté. Passant d’un tiers à deux tiers des prétendants en une décennie. L’étude statistique ajoute que les soixantenaires ont les mêmes chances de succès aujourd’hui que les quarantenaires avant 2005. L’étude résume ce résultat en « 60 est le nouveau 40 ».

Ils expliquent également que les embouteillages ne semblent pas avoir d’impact sur le taux de réussite ou le taux de mortalité. Bien que « la détection des possibles effets de la sur-fréquentation est difficile avec les données disponibles ».

Les 8.000 tuent, l’Everest reste dangereux…

Environ 1% des prétendants au sommet meurent. Si le statisticien considère que le résultat est marginal, mieux vaut se méfier de la réalité. Car les activités sportives avec un tel taux de mortalité sont rares. Les sports de montagne – au même titre que les sports aquatiques – regroupent la majorité des décès en cours de pratique (étude française de l’Institut de Veille Sanitaire parue en 2013) mais les taux de mortalité sont nettement plus bas.

Dans le référentiel des sommets himalayens, l’ascension de l’Everest reste peu meurtrière. Notamment par rapport à certains sommets réputés « tueurs », comme le K2, le Nanga Parbat ou l’Annapurna. Mais que l’Everest soit statistiquement plus sûr que d’autres sommets régionaux ne le rend pas sûr dans l’absolu. Sur un millier de grimpeurs en route pour le sommet, une dizaine ne reviendront pas. Gravir le toit du monde demeure une entreprise risquée, comme la pratique de la haute montagne de manière générale.

Les embouteillages responsables ?

Les auteurs semblent expliquer que les embouteillages n’ont que peu d’impact mais avancent ce point-là avec prudence. Car au-delà d’une certaine altitude, patienter trop longtemps refroidit les alpinistes. Exposés trop longtemps à des températures basses et un manque d’oxygène, ils sont dans une situation clairement dangereuse. Ils restent ainsi plus longtemps sur la montagne, dans une zone connue pour son nom très explicite. « La zone de la mort ! ». Au printemps 2019, où plus d’une dizaine de grimpeurs avaient trouvé la mort sur l’Everest, plusieurs décès avaient été en partie causés par ces embouteillages. Pour autant, cette dimension était souvent conjuguée à d’autres pour mener à la fin tragique. Manque d’expérience, équipement défaillant, mauvais temps, problème de santé…

La récente étude n’apporte donc pas grand-chose de nouveau. En revanche, elle pourrait laisser penser qu’il est de plus en plus sûr de gravir l’Everest. La stabilité du taux de mortalité confirme le contraire. Si le taux de réussite n’a cessé d’augmenter, la dangerosité d’un tel projet est toujours bien réelle. Un alpiniste arrivé au camp de base pour tenter l’ascension a toujours autant de risque d’en repartir dans un cercueil.

Illustrations © DR

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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