La petite Tsering passa son enfance dans le Changthang. A cette époque, cette région reculée du Ladakh était majoritairement peuplée d’éleveurs de yaks nomades. Alors qu’elle était au lycée à Leh, elle s’engagea dans le Corps National des Cadets. Une organisation militaire ciblant les jeunes indiens. C’est à cette époque que son goût pour la haute montagne commença à s’accentuer. Née au milieu des sommets de l’Himalaya indien, elle avait évidemment un pied dedans depuis toute petite… Elle fut intégrée dans un groupe de femmes destinées à faire partie de l’Expédition Féminine de l’Armée Indienne visant… l’Everest ! Elle était pourtant tout juste majeure mais passa les sélections et se retrouva parmi les rares candidates à intégrer l’équipe.
La première au sommet de l’Everest !
Au printemps 2005, après de longs mois de préparation à l’Institut d’Alpinisme Nehru d’Uttarkashi, elle arriva au Tibet. Accompagnée par trois autres militaires indiennes. Début juin, une fenêtre météo leur permit de se hisser jusqu’au sommet. « Il y avait des cadavres sur le chemin du sommet. Tout d’un coup, je me suis demandé si j’étais là, moi aussi, pour mourir. Vers 8.500 mètres, ma lampe frontale a éclairé le visage d’un mort. Encore aujourd’hui, je ne sais plus bien si j’hallucinais ou si cette personne s’était réellement mise à rire. J’ai quand même continué à avancer, quand je me suis retournée un peu plus loin, j’avais l’impression que ce cadavre me suivait. J’ai rassemblé toutes mes forces et je suis allée au bout. J’ai la conviction que cette personne était là pour m’aider à réussir » raconta Tsering Ladol, quelques années plus tard.
Et une des premières monitrices de ski du pays !
A son retour au Ladakh, la jeune femme reçut de nombreuses distinctions et pour cause, sa réussite avait fait le tour de la région. La première femme du Ladakh à gravir le plus haut sommet du monde, à seulement 18 ans ! Pourtant, les difficultés et la rudesse de la vie au Ladakh reprirent le dessus. A son retour, elle frappa à toutes les portes pour trouver un travail, sans succès. En 2005, il n’était pas aisé de trouver un travail dans la région. Ce n’est toujours pas le cas, surtout si vous êtes une femme. Le taux de femmes sans emploi est supérieur à 59% au Ladakh (en anglais), alors qu’il n’atteint que 16% au niveau national.
Mais Tsering Ladol ne laissa pas tomber. Elle dut s’éloigner de Leh mais finit par trouver un travail à Gulmarg, sur les hauteurs de Srinagar. Dans cette petite station de ski indienne, elle débuta une carrière de monitrice de ski. Un métier encore essentiellement masculin à l’époque.
Son histoire inspirante nous a été récemment rappelée par le Reach Ladakh Bulletin (en anglais). Ne pas confondre Tsering Ladol avec Tsering Landol, la première femme gynécologue du Ladakh, aujourd’hui retraitée.
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