Tout a commencé par un entretien de Denis Urubko avec la chaîne eurosport.tvn24 (en polonais). C’était le 29 février dernier et Urubko y expliquait que nombre de ses partenaires avaient été des poids dans ses expéditions. Il évoquait notamment des « alpinistes polonais » et nommait l’Italien Simone Moro ou son compagnon de dernière expédition Don Bowie. Il évoquait notamment la « faiblesse » et les « mensonges » des grimpeurs polonais. « Nous avons beaucoup entendu parler des réalisations de Cichy, Kukuczka, Kurtyka et d’autres, mais la dernière génération n’est pas prête à relever les défis de la haute montagne » affirmait-il. Un premier round qui avait provoqué des réactions de toutes les personnes concernées avant qu’Urubko reprenne la parole. Un échange d’amabilités assez navrant, impliquant quelques-uns des plus grands himalayistes contemporains.
Le commentaire de Wielicki
Krzysztof Wielicki, leader de l’expédition au K2 à l’hiver 2008 (à laquelle participait Urubko) et légende vivante de la précédente génération de grimpeurs polonais a pris la parole. Une intervention empreinte de sagesse (en polonais). « Concentrons-nous sur la lutte contre cette pandémie. Parlons bien des gens. En cette période difficile, nous devons construire ensemble, et non nous détruire les uns les autres ».
La réponse – sèche – de Simone Moro
Simone Moro, lui, a tout de même répondu plus sèchement lui reprochant de cracher dans la soupe. « Je lui ai financé plusieurs de ses expéditions, je lui ai trouvé de puissants sponsors. (…) Ces gens m’ont fait confiance et ont décidé de le soutenir. » affirme l’alpiniste italien, amer. Wielicki confirme : « Quand Urubko est arrivé en Italie, passez-moi l’expression, il était nu et joyeux. »
La conclusion d’Urubko ?
Denis Urubko a finalement répondu, il y a quelques heures, via le média polonais Onet Sport (en polonais et anglais). Il explique qu’il s’agit probablement d’un malentendu et que les journalistes ont mal interprété ses paroles. Il réexplique sa position notamment sur les Polonais : « une critique peu être positive ». Avant de détailler : « J’ai du respect pour des alpinistes comme Kurtyka, Wielicki, Cichy, Bielecki, Kaczkan ou Fronia (…) Beaucoup de grimpeurs polonais sont plus forts que moi dans les rochers, par exemple Kacper Tekieli, certains sont meilleurs à haute altitude, comme Andrzej Bargiel. Et il y a aussi ceux qui ne sont pas si forts. ». Il rétro-pédale sans souci : « Bien sûr, je dois être très reconnaissant envers les Polonais. Et je le suis. ». Pas d’excuse pour Simone Moro qu’il tance à nouveau. Cette fois-ci à propos de leur expédition commune au Makalu : « il dit qu’il a été le premier au sommet. Ce n’est pas vrai ».
Une interview assez sombre dans laquelle Urubko explique : « Mes plus gros échecs se sont produits lorsque j’ai trop fait confiance à moi-même et à mes partenaires ». Il ajoute aussi qu’il n’est plus très sûr de pouvoir prendre sa retraite : « je suis condamné aux montagnes » explique-t-il.
Illustration © Associazione Amici di Piero Chiara et Andrei Starkov (CC BY-SA 2.0 et 3.0)