Alors que les expéditions se terminent les unes après les autres au Pakistan, il reste encore un peu d’action sur l’Everest, au Népal.
Evacuation en urgence
Il y a quelques semaines, Jonatan Garcia chutait de 12 mètres dans une crevasse. Il en ressortait – grâce à l’intervention d’Alex Txikon – blessé aux cotes. Quelques heures plus tard, il quittait l’expédition hivernale à l’Everest, pour se retrouver hospitalisé à Katmandou. Il y a quelques heures, c’est un autre membre de l’équipe qui a dû être évacué en urgence. « Oscar Cardo, un membre essentiel de l’équipe, a été évacué en hélicoptère depuis le Camp 2 avec des symptômes de Mal Aigu des Montagnes » explique Alex Txikon. Il précise également que son état s’est stabilisé et qu’il est désormais en sécurité à Katmandou.
Dans son état, la cascade de glace pouvait être mortelle !
Alex raconte cette séquence qui aurait vraiment pu mal tourner. « Un kilomètre avant d’atteindre le Camp 2, son rythme a changé radicalement. Ses mouvements n’étaient plus coordonnés, il commençait à se sentir mal, à souffrir… Je me rends alors compte qu’il souffre sûrement de Mal des Montagnes, peut-être même d’un œdème cérébral de haute altitude. Nous devons prendre des décisions : on veut toujours être fort et courageux, descendre par ses propres moyens même quand on se sent pas bien. Mais s’attaquer à la cascade de glace dans son état pouvait être mortel. »
Il continue : « Je vérifie avec Sergio et Diego au Camp de Base et nous sommes d’accord : on ne peut pas imaginer Oscar descendre en rappel parmi les séracs et les crevasses. Nous prenons donc le parti d’attendre un sauvetage par hélicoptère qui arrivera le lendemain matin. On fait alors confiance à Oscar pour être suffisamment fort pour passer la nuit. ». Avec l’aide d’un médecin espagnol contacté depuis le Camp 2, Oscar a tenu le coup jusqu’à l’arrivée salutaire de l’hélicoptère à 7h40 le lendemain matin.
Le Mal Aigu des Montagnes se déclenche en altitude et peut se manifester de différentes manières. Ses symptômes les plus bénins sont des maux de tête, un manque d’appétit ou un état nauséeux. Si rien n’est fait pour perdre de l’altitude, ils peuvent se transformer en manifestations beaucoup plus préoccupantes voire létales. Les œdèmes pulmonaires et cérébraux de haute altitude peuvent effectivement conduire les alpinistes à la mort en quelques heures. S’il existe des traitements pour faire « tenir » les organismes quelques temps, la seule solution efficace est de perdre de l’altitude.
La suite de l’expédition, ils ne sont plus que quatre…
En attendant, ils ne sont plus que quatre à avoir dormi au Camp 2 la nuit dernière avant de continuer vers le Camp 3 aujourd’hui. « Il nous suffirait d’atteindre la ‘Yellow band’ à 7.600 mètres et nous serions prêts pour une tentative au sommet dans les prochains jours » explique Txikon. Hier soir à la tombée de la nuit, la température au Camp 2 était de -16°C, au Col Sud (8.000m) de -29°C.
A deux pas de là, Jost Kobusch continue ses explorations de l’Arête Ouest de l’Everest en solitaire. Il n’en dit pas beaucoup sur son parcours mais juste qu’il est redescendu de nuit. Faute de batterie suffisante sur sa lampe frontale, il a dû descendre « à la lumière de mon portable ». « l’Alpinisme c’est savoir improviser ! ».
Illustration © Diego Martinez