MISE A JOUR 23/07/19 à 16h30 : Nims et son équipe ont bien rejoint le Camp 4, comme prévu. Ils tablent sur un départ vers le sommet à 21h heure locale, 18h à Paris. https://twitter.com/nimsdai/status/1153615431627939842
En une dizaine de jours, des dizaines de grimpeurs ont fait demi-tour sur le terrible K2. La seconde montagne de la planète n’offrait pas des conditions assez acceptables pour être gravie. Les trois plus grosses agences occidentales présentes au camp de base ont laissé tomber : Madisson, Furtenbach et Adventure Peaks. « Nous pensons que les conditions de changeront pas assez dans les jours qui viennent (…) nous permettant de grimper avec un niveau de risque acceptable » expliquait le guide Garrett Madisson via le Blog d’Alan Arnette. Les Népalais de Imagine ont suivi le même cheminement et ont jugé les conditions bien trop risquées : « il y avait beaucoup trop de risques, et personne n’a envie que la montagne prenne des vies » avait ainsi déclaré Mingma G, leader d’Imagine. Mike Horn le premier avait considéré que c’était de la folie de continuer. Il avait annoncé son abandon le 17 juillet dernier.
Depuis, la météo est étonnamment calme sur le K2. Du soleil, un vent quasi-nul, des températures pas si froides. Un cocktail qui dure et qui n’a pas pu avoir un impact significatif sur les conditions rencontrées la semaine dernière à plus de 8.200 mètres. Les spécialistes l’affirment, seul un vent très violent (jet-streams) aurait pu changer la physionomie de la partie supérieure du parcours. La semaine dernière, les grimpeurs avaient trouvé de véritables murs de neige non stabilisée, ils avaient dû tenter d’avancer avec de la neige jusqu’à la poitrine. Plusieurs avalanches s’étaient déclenchées, blessant des sherpas.
Une équipe est en route pour le sommet du K2
En ce moment, une équipe est en train de rejoindre le Camp 4 (presque 8.000m) bien décidée à passer en force. Rien de semble pouvoir les arrêter, sous l’impulsion de Nims Dai. Ce Népalais, ancien militaire d’élite de l’armée britannique, gère les risques sur une autre échelle. « Je suis complètement au courant des risques (…) je suis habitué à en prendre. En opérations (militaires), (…) je savais que les balles pouvaient me toucher à tout moment, mais j’avançais en gérant les risques ». Il y a quelques semaines sur le Dhaulagiri, Nims avait déjà fait face à des conditions très délicates. Avec son équipe, il était parvenu au sommet à l’issue d’un combat sans merci. A l’Annapurna, il avait dû s’aventurer sur une variante bien plus ardue que la voie normale, mais il était parvenu à ouvrir la voie. Sur l’Everest, il avait dû composer avec les centaines de prétendants au sommet qui embouteillaient l’itinéraire, mais il avait réussi.
4am start for the summit fixing team lead by myself. At C2 now, C4 tomorrow and #K2 summit bid on the 24th. Pushing forwards are Lakpadendi Sherpa, Gesman Tamang, Changba Sherpa and Lakpa Temba Sherpa. It has been an incredible journey. Thank you all for your support. Stay tuned! pic.twitter.com/FTO59jMeMi
— Nirmal Purja (@nimsdai) 22 juillet 2019
Assaut final, ce soir dès 18h !
Au K2 cependant, la bataille pourrait être bien plus violente. Ce soir, vers 21 heures heure locale (18h à Paris), Nims et ses hommes devraient quitter leur camp pour attaquer l’assaut final. Faire face à la neige jusqu’à hauteur d’homme, affronter les séracs qui menacent de s’écrouler, dompter l’altitude (qui même avec des bouteilles d’oxygène se fait sentir). Nims pourrait bien vivre là le moment décisif de son projet.
Après le K2, il lui resterait 4 montagnes… Broadpeak, Shishapangma, Cho Oyu et Manaslu ne sont pas nécessairement des montagnes faciles mais on y voit rarement des dizaines d’alpinistes de haut niveau y faire demi-tour… Sur le K2, les années sans sommet sont une réalité. Si Nims parvient au sommet du K2 la nuit prochaine, il prendra une sérieuse option sur la réussite de son Projet Possible. Dans le cas contraire, souhaitons que son expérience lui permette de s’en tirer. Il y a quelques jours, Cala Cimenti parlait de « cet étrange phénomène qu’est Nims : disons que ce n’est pas un alpiniste » expliquait-il… Alpiniste ou pas, ce combattant des cimes s’apprêtent à livrer une sacrée bataille.
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