Pendant toute cette saison, nous avons relaté les aventures de Kirstie Ennis. Cette Américaine amputée d’une jambe suite à un accident d’hélicoptère avait comme objectif l’Everest. Un pari un peu fou, mais qu’elle avait soigneusement préparé. EN parallèle d’un entrainement hors du commun, elle avait accumulé les expériences en haute montagne : sur le Cotopaxi, le Kilimandjaro, le Denali et de longue marche d’approche (camp de base de l’Everest en 2017). Un projet de plusieurs années qui s’est concrétisé ce printemps par son expédition à l’Everest. A la descente, après un demi-tour sans atteindre le sommet, Kirstie Ennis se demandait : « pourquoi certains sherpas sont-ils aussi dévoués alors que d’autres s’en fichent royalement ? ». Manifestement, le sien s’en fichait royalement… A croire que chez les sherpas comme ailleurs, on peut manquer de professionnalisme et d’éthique… Avec son franc-parler très américain, elle explique son aventure…
« J’étais choquée, confuse… »
« Sange se détacha et démarra sa descente sans ses clients (…) nous étions de retour au niveau du ‘Balcon’. J’étais choquée, confuse, j’avais du mal à comprendre ce qui se passait. Pourquoi nos deux autres sherpas ne nous parlait pas ? (…) Pourquoi notre principal sherpa avec 15 ans d’expérience abandonnait-il ses clients ? Sans aide, Christopher, Rob et moi rampions littéralement. Doucement, mais au moins sûrement. (…) Après une courte pause, avant qu’on comprenne, Sange et Chappie se levèrent et nous laissèrent, sans même vérifier nos bouteilles d’oxygène. C’était évident qu’on n’irait pas au bout avec l’oxygène qu’il nous restait. »
Quelques heures plus tard, après avoir réussi à récupérer une bouteille d’oxygène, le groupe arrive au Camp IV, les sherpas sont là. Le lendemain, après une photo de groupe que les Américains acceptent de faire, les sherpas se lancent dans la descente : « et encore une fois, Rob, Christopher et moi étions seuls, sans sherpa, sans oxygène, sans nourriture ». A mesure qu’elle descendait, Kirstie essayait de comprendre mais son « chagrin se transformait peu à peu en dégoût ».
En route pour le camp III, les bouteilles d’oxygène se vidaient dangereusement. Un contact radio avec le camp de base mit fin à ces difficultés, on nous encouragea à échanger des bouteilles avec une autre compagnie. « une autre agence était en train de nous sauver la mise parce la nôtre et nos sherpas n’avaient pas l’air décidé à le faire ». Au camp III, sans rien à manger ou presque, le groupe enchaine vers le camp 2, toujours seul.
Ainsi s’est achevée la dernière partie de l’expédition de Kirstie Ennis. Cette dernière compte bien revenir l’an prochain pour finir son ascension. D’ici là, elle cherchera une nouvelle équipe de sherpas pour ne pas retomber dans un tel « bizutage ». Nul doute qu’elle ne voudra plus avoir à faire à ceux qu’elle a rencontrés cette année.
La compagnie en question n’était pas particulièrement montrée du doigt jusqu’à cette affaire. Tout au long de son aventure, Kirstie Ennis s’était « préparée à l’échec mais pas à me faire exploitée ». L’aventure de cette Américaine n’est heureusement pas représentative de ce que la plupart des grimpeurs vivent en Himalaya. Mais elle rappelle qu’il faut choisir avec le plus de précaution possible votre compagnie d’expéditions.
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Illustration © Kirstie Ennis