Il y a quelques jours, nous évoquions cette épopée miraculeuse au sommet de l’Annapurna. Un alpiniste malaisien en détresse avait passé près de deux jours dans la montagne avant d’être finalement secouru. Redescendu en vie, il avait pu être hospitalisé à Katmandou. Son état se stabilisant, il faisait figure de miraculé. Rares sont les cas de survie à plus de 7.500 mètres surtout quand l’alpiniste n’arrivait plus à avancer, épuisé. Nous avons largement évoqué le courage de l’équipe qui est venue le récupérer mais un acteur de l’histoire est passé sous silence.
Un héros discret
Nima Tshering est un sherpa, la petite trentaine, originaire de Khumjung, dans la région de l’Everest. Depuis plusieurs années, il guide des clients étrangers sur les plus hauts sommets de l’Himalaya, notamment avec l’agence népalaise Seven Summit Treks. Expérimenté, il a déjà gravi l’Everest, le K2 ou encore le Manaslu, tous des sommets de plus de 8.000 mètres. Lors de cette expédition à l’Annapurna, il était le sherpa « personnel » de Wui Kin Chin, le grimpeur malaisien de 49 ans qui voulait « s’offrir » ce 8.000 mythique du centre du Népal.
Arrivés les derniers au sommet, après la trentaine d’autres grimpeurs du jour, Wui Kin Chin et Nima Tshering Sherpa ne tardent pas à amorcer leur descente. Au bout de quelques minutes, le sherpa se rend à l’évidence, son client dépérit à vue d’œil. Alors que la fin de la journée approche, l’alpiniste malaisien perd connaissance, épuisé. Son téléphone satellite ne semble pas vouloir passer d’appel. Tant pis, il n’y a qu’une solution, aller chercher de l’aide. Avant de partir, le sherpa laisse alors une de ses deux bouteilles d’oxygène à son client. C’est sans doute ce qui lui a permis de survivre si longtemps.
Il chute en descendant
En redescendant avec son fond de bouteille restante, le sherpa est en difficulté. Il lui faut près de cinq heures pour atteindre le camp IV et donner l’alerte. Au passage, il chute plusieurs fois, se blessant au dos et à la nuque. Son manque d’oxygène lui occasionne également des gelures à plusieurs orteils. A son arrivée au camp IV, plusieurs témoins évoqueront des signes de début d’œdème cérébral de haute altitude. Deux jours d’hospitalisation seront alors nécessaires pour que Nima Tshering Sherpa puisse rentrer chez lui.
Est-ce que ses blessures lui permettront de travailler à nouveau ? Comme beaucoup de membres de l’ethnie sherpa, Nima Tshering puise dans l’industrie touristique son seul revenu et celui de toute sa famille. Sa femme, deux de ses enfants et sa mère survivent toute l’année grâce à ces quelques mois d’expéditions dans l’année. Menant une vie miséreuse, le sherpa ne pouvait payer l’école de son ainée, 11 ans. Cette dernière est devenue nonne et a quitté le village familial.
Une campagne de crowdfunding sur Gofundme a été lancée pour aider Nima Tshering Sherpa. A ce stade, elle a levé près de 5.000 dollars.
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Illustration © N.T Sherpa