Quand l’hiver touche à sa fin, la vallée du Khumbu s’anime. Le bruit des hélicoptères la fait rapidement sortir de sa léthargie. Car en quelques semaines, un lieu dépourvu de toute vie et de toute infrastructure pérenne va se transformer en une ville accueillant plusieurs milliers d’habitants. Le Camp de base de l’Everest. Des dizaines d’expéditions vont y prendre place en quelques semaines. Si leur objectif est plus de 3.000 mètres au-dessus de leur tête, c’est bien au camp de base qu’ils passeront le plus clair de leur temps.
15 à 20 tonnes de fret par expédition
Pour faire tourner cette ville à plein régime pendant près de deux mois, la logistique s’organise. Chaque expédition est assez autonome et va faire le nécessaire pour acheminer son matériel et ses vivres jusqu’au camp. Une expédition moyenne compte entre 15 et 20 tonnes de fret. Avec près d’une trentaine d’expéditions côté népalais, ce sont plus de 500 tonnes de matériels et vivres qui doivent arriver au pied de l’Everest. Sur ce poids, une toute petite partie vient de l’étranger (pour les expéditions de compagnies étrangères), le gros du volume vient du Népal. Stockage de matériel (tentes, cuisines…) et achat de nourriture se font ainsi directement à Katmandou ou dans les environs. Ces tonnes d’approvisionnement prennent ensuite la route vers la région de l’Everest.
Une aventure de quelques 300 kilomètres par des pistes parfois périlleuses qu’empruntent ces camions chargés au maximum. Pour cette première partie du voyage, une dizaine d’heures sont parfois nécessaires. A bord des camions, on trouve des tentes, du matériel de cuisine mais aussi du carburant pour les réchauds… Arrivés à Phaplu, des tracteurs prennent le relais pour atteindre l’altitude de 3.000 mètres. De là, ce sont les hélicoptères qui prennent la main. Car à vol d’oiseau, la distance n’est plus très grande jusqu’à la Vallée de l’Everest. En une vingtaine de minutes, un hélicoptère peut déposer sa charge du côté de Pangboche, à presque 3.900 mètres. Si la plupart des appareils utilisés dans la région voient leur charge limitée à 700kg, quelques gros porteurs peuvent être observés. Ces machines de fabrication russe peuvent transporter jusqu’à 3 tonnes.
Des yaks pour les derniers jours d’approche !
Il reste ensuite à charger des yaks et des porteurs jusqu’à l’emplacement du camp de base, à plus de 5.200 mètres d’altitude. Une fin de parcours qui peut durer trois jours. A l’arrivée à destination, des équipes sont déjà sur place depuis plusieurs jours pour préparer le meilleur emplacement possible. Car chaque expédition va ériger plusieurs tentes, pour les clients, pour le personnel, pour les communications, pour la cuisine, pour la salle à manger… Bref, plusieurs semaines de préparation conclues vers mi-avril par l’arrivée des premiers clients.
Parmi les marchandises très précieuses qui sont convoyées jusqu’au camp de base, il y a l’oxygène. Car la majorité des grimpeurs qui s’attaquent à l’Everest en utilisent. Chaque alpiniste va utiliser en moyenne de 3.000 à 6.000 litres d’oxygène supplémentaire. Comprimée, cette quantité impressionnante tient dans 3 à 6 bouteilles métalliques pour un poids total qui avoisine les 20 kg. Les sherpas utilisent généralement moins d’oxygène (certains s’en passent). Mais avec une moyenne de 3 bouteilles par sherpa et 5 par client, ce sont plus de 2.000 bouteilles qui sont livrées au camp de base népalais pour une seule saison.
Les affaires personnelles des grimpeurs
La plupart des alpinistes qui tentent l’Everest par le versant népalais commencent leur aventure par un trek de plus d’une semaine. Ce trek les emmène jusqu’au camp de base. Sur le chemin, ils dorment et se restaurent dans les lodges installés dans les petits villages de la vallée. Ils transportent tous leurs bagages personnels (avec l’aide de yaks, ils ne portent sur leur dos que les affaires de la journée).
Suivez les expéditions de ce printemps : altitudes.news/suivre-les-expeditions
Illustration © Pokharaheliservices
Merci pour cet article super intéressant! Connaissez-vous des articles qui racontent comment les sherpas et leurs clients gèrent les stocks pendant l’ascension, ce qu’ils gardent dans leurs sacs pour les dernières étapes ?