La face nord du Latok I, qui culmine à 7.145m au Pakistan, n’est pas un terrain de jeu facile. Une cordée russe l’a confirmé cet été alors qu’elle en tentait l’ascension. C’est en juillet qu’Alexander Gukov, 42 ans, et Sergei Glazunov, 26 ans, ont démarré leur expédition. Ils ne sont pas seuls sur le Latok, d’autres Russes tentent le sommet par un autre itinéraire, des Slovènes sont là aussi. Les chutes de pierre forcent les grimpeurs à réaliser certaines parties de l’ascension de nuit. Comme l’expliquait Victor Koval, autre alpiniste russe présent sur la montagne : « il faisait anormalement chaud au-dessus de 5.000 mètres, la voie était balayée par les chutes de pierre ».
SOS au Latok
Durant la seconde moitié du mois de juillet, ça se complique pour Koval et son groupe. La retraite dans les avalanches de pierres et de neige manque de mal se terminer. Heureusement, le groupe regagne le camp de base blessé mais en vie ! Pendant ce temps, Gukov et Glazunov continuent leur bataille de leur côté. La météo ne leur a pas permis de grimper jusqu’au sommet. Le temps passe et les nouvelles ne viennent pas. Alors que la tension monte au camp de base, un message arrive par satellite : « j’ai besoin d’aide (…) j’ai besoin d’évacuer ». Ces quelques mots proviennent d’ Alexander Gukov. Quelques heures plus tôt, son compagnon de cordée chutait mortellement dans la descente, laissant Gukov seul. Et sans vivres.
En quelques heures, les hélicoptères de secours sont prêts à voler. Mais la météo en décide autrement. Les heures passent sans que les machines ne puissent approcher du Latok. Dans les camps de base pakistanais, la solidarité montagnarde tourne à plein régime. En très peu de temps, le Polonais Adam Bielecki, le Valdotain Hervé Barmasse et l’Allemand David Goettler sont sur les rangs pour donner un coup de main aux secours. Mais les jours passent et le beau temps ne revient pas. A quelques kilomètres de là, le soleil brille sur le Karakoram. Mais le Latok est toujours pris dans les nuages et Gukov est toujours immobilisé aux alentours de 6.200 mètres.
C’est la météo qui décide…
Ce n’est finalement que le 31 juillet au petit matin que la météo laisse un peu de répit aux pilotes. Une première reconnaissance permet d’apercevoir Alexander Gukov dont la tente orange était ensevelie sous la neige. Il reste suffisamment de carburant pour effectuer une tentative sans avoir à retourner au camp de base, les pilotes en profitent. En quelques minutes, le câble est déroulé et Gukov est enfin accroché à l’hélicoptère. Dans la précipitation, le Russe oublie de se détacher de la montagne. Alors que l’hélicoptère tente de reculer, la résistance se fait plus forte. La corde qui reliait Gukov au Latok lâche enfin. Le cauchemar se termine. En quelques minutes Alexander est au camp de base. Quelques heures plus tard, il est à l’hôpital de Skardu. Epuisé mais entier !
Sergei Glazunov, 26 ans, est resté sur le Latok. Les Slovènes, quant à eux, ont réussi le sommet. Mais ça, c’est une autre histoire !
Illustrations © ISPR