Depuis peu, un club de montagne un peu particulier a vu le jour. Il donne priorité aux femmes. Pas de sectarisme pour autant, juste l’envie et le besoin de pratiquer entre elles. A l’initiative de ce projet, Marion Poitevin, guide et secouriste en montagne (entre autres). Elle nous explique le principe de « Lead The Climb ».
Interview de Marion Poitevin
Altitude News : Marion, qui êtes-vous ? Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Marion Poitevin : Je suis guide de haute montagne, monitrice d’escalade et monitrice de ski stagiaire, mais surtout secouriste dans les CRS montagne. De 2008 à 2012, j’ai pratiqué l’alpinisme de haut niveau au sein du Groupe Militaire de Haute Montagne. Puis jusqu’en 2015, j’étais formatrice pour les chasseurs alpins. Toujours à Chamonix, j’ai rejoint en 2016 le Centre National d’Entrainement à l’Alpinisme et au Ski afin d’enseigner les techniques de l’alpinisme aux futurs secouristes CRS montagne. Trois semaines par an, je suis secouriste sur le terrain. Et puis j’interviens à l’Ecole Nationale du Ski et de l’Alpinisme sur la formation des guides de haute montagne.
A.N. : Dans tous ces univers très masculins, vous avez été, à chaque fois, la première femme. C’est d’évoluer seule dans ces environnements qui vous a donné envie de créer « Lead The Climb » ?
M.P. : J’ai eu envie de partager mes connaissances des techniques de l’alpinisme acquises dans ces mondes d’hommes à des femmes. C’est pour cela que j’ai lancé « Lead The Climb ». C’est un club FFCAM qui propose des week-ends de formation au leadership et à l’autonomie en montagne entre femmes, dans une premier temps, puis mixte, dans un deuxième temps.
A.N. : Pourquoi vouloir à tout prix pratiquer entre femmes ?
M.P. : Des femmes aiment pratiquer entre elles. Elles se sentent moins jugées, moins en compétition, plus complices. Elles prennent plus facilement les devants, la tête de la cordée. Bref, elles ne comptent plus que sur elles-mêmes et découvrent leur potentiel. Un espace exclusivement féminin est indispensable dans un premier temps. Les femmes guide sont seulement 2% en France. L’alpinisme est encore un bastion masculin, pourtant les femmes aiment être en montagne et l’Histoire de l’alpinisme compte de grandes alpinistes.
<< L’alpinisme est encore un bastion masculin, pourtant (…) l’Histoire de l’alpinisme compte de grandes alpinistes >>
A.N. : Et du coup, on ne fait plus de montagne avec les hommes ?
M.P. : Si bien sûr ! Dans un deuxième temps, on a vocation à proposer des stages mixtes. On n’a rien contre les hommes !! On a besoin des hommes. Le but est de donner une plus grande place aux femmes dans le monde de l’alpinisme.
A.N. : Qui vous accompagne dans ce projet ?
M.P. : Un bureau de bénévoles mixtes sérieux et motivé. Une équipe de professionnelles composée d’expertes de la montagne ! Gaelle Maystre, freerideuse et monitrice de ski ; Martina Cufar-Potard, ancienne championne du monde d’escalade ; Eliza Sprecher, monitrice d’escalade ; Caroline George, guide de haute montagne ou encore Elsie Trichot Lemordant, aspirante guide de haute montagne.
A.N. : Si une de nos lectrices a envie de se joindre à l’un de vos stages ?
M.P. : Il lui suffit de nous envoyer un email pour recevoir les dates des stages ou de visiter notre site web ou notre page Facebook pour suivre notre actualité !
Illustrations : (c) Lead The Climb