Fred Beckey est décédé le 30 octobre 2017 à Seattle. Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant ce grimpeur américain est une légende outre-Atlantique. Né en Allemagne et immigré aux USA au début des années 1920, sa famille choisit Seattle, berceau de nombreux alpinistes américain. A l’image de Jim Whittaker, le premier américain au sommet de l’Everest, originaire lui aussi de Seattle.
A l’époque où ses contemporains choisissaient la gloire offerte par les expéditions américaines dans l’Himalaya, Beckey avait une toute autre approche de la montagne. Alex Bertulis, un de ses amis, disait de lui en 2003 : « Fred appartient à une communauté de grimpeurs qui ne trouve pas beaucoup de valeur au fait de monter le plus haut possible. Il y préfère la difficulté ou les escalades classiques ». Ainsi, discrètement, Beckey réalisa un nombre impressionnant d’exploits en montagne.
Le roi des premières
Tout d’abord près de chez lui, il ouvrit plusieurs voies dans le Massif de North Cascades, à la frontière avec le Canada. Il n’avait que 16 ans quand il réalisa sa première ouverture au Mount Despair. Puis il commença à découvrir les sommets d’Alaska comme en 1946 avec sa première sur l’arête Est du Devils Thumb (Le Pouce du Diable) à 2.767m. « Personne n’a jamais été aussi prolifique en ouverture de voies, et personne ne le sera plus jamais, faute d’un assez grand nombre de montagnes vierges… » ajoutait son ami. Mais être un alpiniste réputé ne l’intéressait pas : « je ne sais pas, je m’en fiche. Ça ne m’intéresse pas. Il y a sûrement quelqu’un en Europe qui a fait plus de nouvelles voies que moi ! ».
Une montagne d’Alaska qu’il gravit en premier, dans les Cathedral Mountains, porte aujourd’hui son nom. Quelques années en arrière, il continuait à vouloir gravir ces sommets vierges : « la Chine est en pleine, il n’y a que çà, partout ! » affirmait-il dix ans en arrière.