Dans ce nouvel épisode de Bonheur et Dragon, nous allons parler de médecine traditionnelle, des 4 épouses du roi du Bhoutan, mais aussi d’une guerre très récente menée dans le Sud du pays.
Attention. Ce podcast est issu d’une série que nous vous encourageons à découvrir dans l’ordre. Accédez aux épisodes précédents : Episode 1 | Episode 2 | Episode 3 | Episode 4 | Episode 5 | Episode 6 | Episode 7 | Episode 8 | Episode 9 | Episode 10 | Episode 11 | Episode 12 | Episode 13 | Episode 14 | Episode 15 | Episode 16 | Episode 17 | Episode 18.
Une guerre éclair au début des années 2000
Sur la route entre Thimphu et Punakha, on passe par le Dochula, un col qui atteint les 3.100 mètres d’altitude. La vue sur les sommets de l’Himalaya est incontournable. Plusieurs dépassent les 7.000m. Mais ce n’est pas le seul attrait de ce col de montagne. Autour de nous, 108 chortens, ces monuments typiques du bouddhisme. Ils sont là depuis 2004 et commémorent une période tourmentée de l’Histoire du pays.
Il faut remonter dans les années 1990 pour voir s’installer dans la jungle du sud du pays des camps occupés par des séparatistes de l’Assam, un état indien voisin. Au fil des années, ces groupes prennent de l’ampleur et l’Inde commence à s’inquiéter. Le Bhoutan tente de négocier avec ces rebelles mais la discussion n’avance pas. L’Inde fait pression pour que la situation soit réglée, menaçant de faire intervenir sa propre armée. Une fois l’armée indienne en territoire bhoutanais, serait-elle repartie ? Pour éviter de connaitre la réponse, le Roi décide de mobiliser sa propre armée. Fin 2003, il lance l’opération All Clear.
Le Bhoutan mobilise ainsi 6.000 soldats dans ce qui s’apparente à la première opération menée par l’Armée Royale du Bhoutan. En deux semaines, l’armée rase plus de 30 camps. Les combats coûtent la vie à 160 rebelles ainsi qu’à une dizaine de soldats bhoutanais. Une opération sanglante mais qui atteint son objectif. Les rebelles sont délogés et l’Inde ne s’est pas installée dans le Sud du Bhoutan.
Bhoutan, plusieurs épouses ou plusieurs maris ?
Ces chortens qui commémorent la guerre de 2003 ont été construits à l’initiative de celle qu’on appelle ici, la « Reine Mère ». Dorji Wangmo, l’épouse du précédent roi du Bhoutan, celui qui a laissé sa place au roi actuel. Pourtant, bizarrement, ce n’est pas la mère du roi. C’est que la Reine Mère n’était pas seule aux côtés de son Roi. Il avait (et a toujours) 4 épouses. 4 sœurs. C’est la troisième qui lui a donné son héritier, désormais sur le trône. La polygamie n’est pas très répandue dans le pays, mais elle existe et. Et elle va avec un certain nombre de règles, comme le consentement de la première femme à l’arrivée d’épouses supplémentaires. Elle a aussi le droit de divorcer.
Dans certaines régions, la polyandrie existe également, notamment chez certains semi-nomades. A Laya, village reculé du nord du pays, on vous parlera de la croyance qui veut qu’une femme qui épouse plusieurs hommes voit sa famille prospérer. La polyandrie locale vient surtout du quotidien de ces peuples. Quand le premier mari garde les yaks dans les alpages, le second aide la femme dans les champs. Et à tour de rôle, ils prêtent main forte dans la maison. De la main d’œuvre indispensable, si on simplifie. A Laya, il n’y a plus que quelques femmes à avoir plusieurs maris. En revanche dans le pays, quelque 5% des femmes en âge de se marier vivent dans une situation de polygamie.
Une médecine parallèle
Il y a d’autres choses surprenantes à Laya au cœur des montagnes. On récolte ici, dans la nature, toute une série de plantes, d’herbes, de fleurs, de graines. On les utilise dans la médecine traditionnelle. Des dizaines d’espèces, souvent endémiques, qui vont ensuite être transformées pour guérir les Bhoutanais de nombreux maux. Des fleurs de potentille qui calment la toux aux graines de Selinium qui réduisent les inflammations en passant par les tiges de clématites qui aident à la digestion… Ce sont les matières premières de tout un système de santé parallèle à la médecine dite « moderne » ou allopathique.
Deux systèmes qui ici ne s’opposent pas. La « médecine traditionnelle existe et est très suivie. Et elle est en parfaite harmonie, ce n’est pas du tout comme en France ». Dans le pays, on trouve des hôpitaux de médecine traditionnelle aux côtés des hôpitaux modernes. Des officines spécialisées dans ces médicaments. Ils sont pour beaucoup, un premier niveau de soin, notamment pour certaines affections de longue durée. Pour Tshering, pas question de recourir à la médecine moderne : « j’ai essayé les produits pharmaceutiques mais ils ne marchent pas vraiment sur moi, alors, je préfère la tradition ».
CREDITS. Image d’illustration: photo de la famille royale du Bhoutan avec les 4 épouses du 4ème roi. © Altitude. Interviews, enregistrements au Bhoutan © Altitude. | Bruitages additionnels et musiques d’illustration © Pixabay. | Headphone © Flat Icon / Freepik | Traductions et doublages assurés par Clémence Bout et Albin Digue du Master Rédacteur Traducteur de l’Université de Bretagne Occidentale. | Ecriture et voix-off : Arnaud Palancade. Sources complémentaires : Interview Françoise Pommaret, 2022 | Interview Tshering, 2022. | Operation All Clear, Bhutan News, 2013. | Bhutan’s “Operation All Clear”: Implications for insurgency and security cooperation, IPCS, 2014. | Operation All Clear, Military History. | Citizenship and Marriage Laws of Bhutan, Bhutan Watch, 2022. | One woman, multiple husbands and the vanishing practice of polyandry in Bhutan, Daily Bhutan, 2020. | Dorji Wangmo, Wikipedia | Traditionnal Medicine in Bhutan, Faculty of Traditionnal Medicine.