Dans ce nouvel épisode de Bonheur et Dragon, nous allons jouer les touristes. Nous parlerons donc du tourisme au Bhoutan mais aussi de sa population de tigres ou de l’engouement pour les voitures électriques.
Attention. Ce podcast est issu d’une série que nous vous encourageons à découvrir dans l’ordre. Accédez aux épisodes précédents : Episode 1 | Episode 2 | Episode 3 | Episode 4 | Episode 5 | Episode 6 | Episode 7 | Episode 8 | Episode 9 | Episode 10 | Episode 11 | Episode 12 | Episode 13 | Episode 14 | Episode 15 | Episode 16 | Episode 17.
De rares touristes, mais pas n’importe lesquels
Si les touristes ne sont pas nombreux au Bhoutan, c’est en réalité le souhait des autorités. La stratégie est simple : « Low Volume, High Value », comprendre faible volume, valeur élevée. Limiter le nombre de touristes mais optimiser les revenus qu’ils génèrent. Les backpackers qui parcourent nombre de pays d’Asie ne sont donc pas les bienvenus ici. Ils n’auront de toute façon probablement pas les moyens de payer la taxe quotidienne imposée par l’Etat : quelque 200 dollars. Un prix pareil semble un bon moyen de remplir les caisses. Le tourisme est la seconde ressource du pays après l’hydroélectricité, et de limiter les volumes. Rares sont les voyageurs à pouvoir s’offrir une visite du pays.
Avant la pandémie, visiteurs indiens mis à part (ils viennent en voisin à des conditions très avantageuses), le Bhoutan ne recevait que quelques dizaines de milliers de visiteurs par an. En 2018, moins de 2.000 Français ont découvert le pays. Ils étaient, à titre de comparaison, 750.000 en Thaïlande.
Trente ans plus tôt, il n’y en avait presqu’aucun. Robert Dompnier, co-fondateur du tour-operator français Tirawa, se souvient. Il « y avait bien sûr très peu de touristes. Puisqu’en 1987, vous aviez 2.000 touristes par année, tous confondus, Japonais, Américains, Européens. Donc c’était rien du tout ». Avec cette politique de prix, les visiteurs s’attendent bien souvent à des infrastructures à la hauteur de la facture. Le Bhoutan reste un pays en développement, les hôtels, restaurants, voies de communication, peuvent parfois offrir une prestation touristique en décalage avec les attentes des visiteurs.
Des transformations sont en cours, les investissements nombreux mais le retard à combler reste important. Les premiers résultats sont déjà là : « je trouve que les infrastructures ont fait beaucoup de progrès. Je vois dans le voyage de trois semaines que j’ai fait là, on était vraiment bien logés. Des chambres grandes et confortables ». Quoiqu’il en soit, les touristes qui viennent au Bhoutan n’y viennent pas par hasard : « Au Bhoutan on a une clientèle qui vient qui est très avertie. Les gens ne viennent pas au Bhoutan par hasard. C’est une destination dont on rêve et à laquelle on a déjà réfléchi depuis des mois voire des années ».
103 tigres !
A défaut de se voir offrir des infrastructures performantes, les touristes qu’on appelle ici « des invités » ne manqueront pas de surprises. Peut-être croiseront-ils le chemin d’un des 103 tigres que compte le pays ? Le Bhoutan est considéré comme un champion de la protection du tigre du Bengale. L’animal est ici bien souvent très respecté. Parmi les 4 animaux protecteurs du Bouddhisme, que l’on retrouve sur les murs de tous les temples, il est le seul vivant. On peut le croiser dans plusieurs régions du pays, même jusque dans les montagnes, régions qu’il ne fréquentait pas initialement. « Nous avons beaucoup de tigres ici, on a découvert que le Tigre du Bengale montait jusqu’à 4.000m par des corridors biologiques. Sur le chemin, un vieux tigre, pas un jeune, va attaquer les vaches, les yaks ».
Evidemment, les éleveurs qui perdent chaque année plusieurs centaines de bêtes dans des interactions avec les tigres ne sont pas aussi enthousiastes concernant la protection du félin. Dans le pays, le Tigre est le premier prédateur de bétail, loin, très loin devant la panthère des neiges. Ces animaux se font néanmoins discrets, une rencontre est donc peu probable.
Bhoutan et voiture électrique
A défaut de tomber sur un animal mythique au détour d’un sentier de randonnée, il est possible de croiser nombre d’avatars de la modernité. Ici, à 4 heures de route de Thimphu, au bord d’une chaussée en terre battue que les pluies de la mousson sauront transformer en patinoire boueuse, on trouve… une station de recharge électrique. Car les voitures électriques ont fait leur arrivée au Bhoutan il y a quelques années.
Et le gouvernement encourage les habitants à se tourner vers ces technologies. Dans un pays où l’on produit quantité d’électricité verte. Une usine d’assemblage est même installée au Bhoutan. Elle a commencé son aventure industrielle en assemblant sous la marque Nissan. Mais elle met désormais au point ses propres véhicules pour répondre à la demande locale. L’idée est de faire baisser les prix et de démocratiser la voiture électrique dans un pays qui n’a commencé à construire dès route qu’après 1960.
CREDITS. Image d’illustration © Altitude. Interviews, enregistrements au Bhoutan © Altitude. | Bruitages additionnels et musiques d’illustration © Pixabay. | Headphone © Flat Icon / Freepik | Traductions et doublages assurés par Clémence Bout et Albin Digue du Master Rédacteur Traducteur de l’Université de Bretagne Occidentale. | Ecriture et voix-off : Arnaud Palancade.
Sources complémentaires : Interview Françoise Pommaret, 2022 | Interview Denkars Getaway, 2022. | Interview Robert Dompnier, 2022. | Bhoutan, la taxe touristique passe de 65 à 200 dollars par jour, Altitude, 2022. | Annual Reports, Tourism Council of Bhutan. | Bhutan is reopening for tourists, but only a select few, Time, 2022 | Understanding high-end tourism, Kuensel, 2022 | Government to focus on boosting the quality of tourism, The Bhutanese, 2022. | Bhutan has 103 tigers, The Bhutanese, 2015. | 103 wild tigers in Bhutan, a roaring success, WWF, 2015.| Bhutan’s electric vehicle journey, Kuensel, 2022. | The Bhutan EV initiative, World Bank, 2016.