déchets Bhoutan

Episode 16 – Des déchets, des fléchettes et des shamans revenus des enfers

Dans ce nouvel épisode de Bonheur et Dragon, nous allons évoquer continuer notre découverte du pays. Affronter un vrai problème de société au Bhoutan, ses déchets. Découvrir un passe-temps de la population. Mais aussi faire la connaissance de drôles de personnages assez inattendus.

Attention. Ce podcast est issu d’une série que nous vous encourageons à découvrir dans l’ordre. Accédez aux épisodes précédents : Episode 1 | Episode 2 | Episode 3 | Episode 4 | Episode 5 | Episode 6 | Episode 7 | Episode 8 | Episode 9 | Episode 10 | Episode 11 | Episode 12 | Episode 13 | Episode 14 | Episode 15.

Bhoutan, le problème des déchets

Le Bhoutan a beau être couvert de forêt, vivre en harmonie avec la nature, il fait face à un sérieux problème de gestion de ses déchets. On les retrouve un peu partout. Sur les bords de route, sur les sentiers de randonnée, au cœur de certaines forêts, des déchets jonchent le sol. En quantité. Emballages plastiques, canettes de soda, papiers,… pendant longtemps, on a préféré ici accuser les touristes régionaux, notamment indiens. Pourtant, après deux ans de frontières fermées par le covid, les ordures étaient toujours là. Dans son discours d’ouverture de la dernière session au parlement, le roi lui-même abordait le sujet. Il expliquait que la moitié des Bhoutanais ne pouvait pas continuer à salir le pays pendant que l’autre moitié s’évertuait à le nettoyer.

Pour tenter d’enrayer le problème, les initiatives se multiplient. Vous ne traverserez pas le pays sans croiser des volontaires munis de sacs en train de nettoyer. Ces opérations concrètes sont nombreuses. Des spots de sensibilisation sont diffusés à la télévision locale et sur internet. Jusqu’à des clips de raps sur le sujet (voir vidéo ci-dessus). Quant aux contrevenants, ils sont désormais sévèrement sanctionnés. Des amendes supposées être dissuasives. La vérité, c’est que le développement du pays a augmenté sérieusement la quantité de déchets produits. Et leur nature est devenu plus problématique. Les systèmes de gestion des déchets, comme ceux de retraitement des eaux usées ne sont pas suffisamment dimensionnés.

Dans de nombreux villages, les eaux usées filent dans la rivière la plus proche. Localement, l’association Clean Bhutan s’est fixé l’objectif de zéro déchet dans la nature en 2030. Elle mise sur des changements de comportements qui tardent à être visibles.

Le Khuru ou jeu de fléchettes bhoutanais

L’arrivée de la société de la consommation au Bhoutan s’est accompagnée de tombereaux d’ordures, mais n’a pas entamé certaines traditions. Comme ces familles qui s’affrontent dans des parties de Khuru, des jeux de fléchettes en extérieur. On y retrouve l’ambiance des terrains de tir à l’arc. Avec des danses pour célébrer une victoire ou attaquer le moral de ses adversaires. Petit aperçu dans la vidéo ci-dessous.

Mais une des traditions les plus étonnantes est à trouver dans le rapport des Bhoutanais… à la mort.

De drôles de médiums au rôle incontournable

La mort. Un phénomène qui n’effraie personne ici, tant il est considéré comme le passage à une nouvelle vie. La mort est omniprésente, jusque sur le bord des routes, avec ces petites pyramides. Elles sont faites d’un mélange d’argile et de cendres mortuaires. C’est un des fondements du bouddhisme, l’impermanence, ou comment tout ce qui nait un jour finit par se décomposer. En ayant conscience de cet inéluctable changement, les Bhoutanais seraient plus à même de se focaliser sur ce qui compte vraiment. Et plus tournés vers les autres

Au Bhoutan, il y a même des gens revenus d’entre les morts qui jouent un rôle clé dans la société. On les appelle Déloms, ce sont des femmes supposément mortes et revenus des enfers pour aider les vivants à ne pas y aller… Ces pratiques qui ont tout du shamanisme coexistent sans difficulté avec le bouddhisme. Et pour cause, ce qu’elles proposent ne s’oppose pas aux enseignements bouddhistes, bien au contraire.

Les habitants vont les voir pour tenter de régler des problèmes familiaux, des conflits de voisinage, de deviner l’avenir. D’autres pour essayer de communiquer avec des aïeux décédés. Ces Déloms sont autant de thérapeutes informelles, souvent très peu instruites, qui tentent de guérir la société, en repoussant par tous les moyens les esprits malins et en écoutant celles et ceux qui viennent à elles. On pourrait penser ces personnages complètement disparus, mais non. Ces femmes existent toujours en 2023 et obtenir un rendez-vous n’est pas une mince affaire.

CREDITS. Image d’illustration – campagne de ramassage de déchets © Dessung Guardians of Peace FB. Interviews, enregistrements au Bhoutan © Altitude. | Bruitages additionnels et musiques d’illustration © Pixabay. | Headphone © Flat Icon / Freepik | Traductions et doublages assurés par Clémence Bout et Albin Digue du Master Rédacteur Traducteur de l’Université de Bretagne Occidentale. | Ecriture et voix-off : Arnaud Palancade. | Sources complémentaires : Son rites sacrés,  Asa Hershoff CC BY 3.0 | Waste Management in Bhutan, Bhutan deserves a new approach, RIM, 2021 |  Waste upon waste, Kuensel, 2022. | Bhutan economy boost brings a rising waste problem | Ignore the noise, women and Khuru, Kuensel, 2016. | Bhutan dark secret to happiness, BBC Travel, 2015. | Divine Messengers: the untold story of Bhutan’s female shamans, Stéphanie Guyer-Stevens et Françoise Pommaret, 2021.   

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