Dans ce nouvel épisode de Bonheur et Dragon, nous allons découvrir l’une des réussites majeures du développement du Bhoutan, l’éducation de ses enfants ! Nous profiterons également de l’hospitalité bhoutanaise et de son légendaire thé au beurre de yak !
Attention. Ce podcast est issu d’une série que nous vous encourageons à découvrir dans l’ordre. Accédez aux épisodes précédents : Episode 1 | Episode 2 | Episode 3 | Episode 4 | Episode 5 | Episode 6 | Episode 7 | Episode 8 | Episode 9 | Episode 10.
Tous à l’école
Il est 16h et ils surgissent tout autour de nous. Ecoliers, collégiens, ils quittent leurs établissements pour rentrer chez eux. Ils partent à pied dans toutes les directions. Une scène inimaginable quelques décennies en arrière. Au début du XXème siècle, seuls les monastères et quelques rares établissements privés contribuaient à l’éducation des jeunes Bhoutanais. Au début des années 1960, le roi rend l’éducation gratuite pour tous. Et tout s’accélère.
En 1990, le taux d’illettrisme atteignait 70% chez les hommes et 90% chez les femmes. En 2017, il avait chuté à 30%. Sur les générations les plus jeunes, il tournait même autour de 7%. Démonstration du succès majeur de la politique d’éducation du pays voulue par le roi. Les monastères, quant à eux, n’ont pas cessé d’accueillir des jeunes, les moines enfants sont toujours là. Ils seraient près de 4.000 dans le pays, recrutés dès l’âge de 5 ans, officiellement 7 ans.
Un uniforme très spécial
Ces écoliers comme tout le monde ici dans les administrations, dans le secteur touristique et dans de nombreuses entreprises, portent la tenue traditionnelle. Elle est codifiée dans le Driglam Namzha, une sorte de code de discipline qui établit de nombreuses traditions, autour de l’architecture, des danses ou des tenues. Le Gho pour les hommes et la Kira pour les femmes. Si ces tenues existent depuis le 17ème siècle, l’obligation de les porter dans certains contextes ne date que de 1989. A cette époque, la règle n’avait pas fait que des heureux, notamment chez les populations de l’Est et du Sud pas très habituées à se vêtir de la sorte.
La tenue féminine est généralement une jupe droite et longue. Pour les hommes, c’est plus original. Ils portent une robe qui descend jusqu’aux genoux. La tradition veut que les Bhoutanais ne portent pas plus de sous-vêtements sous leur Gho que les Ecossais sous leur kilt. Mais cette tradition tend à se reculer.
La tradition bhoutanaise de l’hospitalité et le thé au beurre !
Il est une tradition qui perdure, c’est celle de l’hospitalité bhoutanaise. Où que vous arriviez, on vous reçoit avec une tasse de thé au beurre. Cette boisson, la suja, on la retrouve pour fêter le nouvel an bhoutanais, pour les mariages, les fêtes religieuses. Des feuilles de thé infusées dans de l’eau bouillante, du sel, du beurre de yak (aujourd’hui généralement remplacé par du beurre de vache), parfois un peu de lait et le tour est joué. Accompagné de Zao, du riz soufflé grillé. Cette boisson est centrale dans la culture du pays, pourtant le Bhoutan n’est qu’un producteur anecdotique de thé. Le thé utilisé dans la Suja vient d’Inde comme la majorité du thé ici.
L’histoire du Bhoutan en version express
Le développement, l’ouverture sur le monde, la démocratie, la dynastie des Wangchuck. Toute l’histoire du Bhoutan ne se limite pas à un petit siècle. Que s’est-il passé avant ? Comment le pays a-t-il été fondé ? Défi : condenser des siècles d’histoire en version express.
Le territoire aujourd’hui occupé par le Bhoutan était vraisemblablement habité 1.500 ans avant Jésus Christ mais c’est l’arrivée du bouddhisme au 7ème/8ème siècle, venu du Tibet voisin, qui a commencé à façonner le Bhoutan d’aujourd’hui. Mais ce n’est qu’au 17ème siècle qu’un lama qui fuyait Lhassa va structurer administrativement le pays, en tentant d’unir les familles les plus puissantes, en nommant des gouverneurs régionaux et en faisant construire des forts aux quatre coins du pays. Bien utile pour contrer les invasions venues là encore, du Tibet ou même de Mongolie. Elles échoueront les unes après les autres.
Rapidement, le pouvoir est partagé en deux : spirituel d’un côté, confié à une première autorité. Une seconde prenant en charge ce qu’on appellerait aujourd’hui le pouvoir politique. Rivalités intestines et luttes de pouvoirs entre régions et familles sont synonymes d’instabilité quand arrivent les Anglais. Fin 18ème/début 19ème, les relations avec l’Inde britannique sont compliquées et le Bhoutan divisé. Une guerre éclair avec l’Inde ampute alors le Bhoutan de 20% de son territoire, notamment en Assam et au Bengale. Dernier accrochage avant une paix durable entre les deux voisins. En 1907, c’est le gouverneur régional le plus puissant qui s’impose pour unir les autorités spirituelles et politiques. Ce dernier, Ugyen Wangchuck, devient ainsi le premier roi du Bhoutan. Le roi actuel est son arrière-arrière-petit-fils.
CREDITS. Images d’illustrations, Interviews, enregistrements au Bhoutan © Altitude. | Bruitages additionnels et musiques d’illustration © Pixabay. | Headphone © Flat Icon / Freepik | Traductions et doublages assurés par Clémence Bout et Albin Digue du Master Rédacteur Traducteur de l’Université de Bretagne Occidentale. | Ecriture et voix-off : Arnaud Palancade. | Sources complémentaires : Interview Wangyel Tandin, 2022 | Extrait radiophonique Oley Zhempa, Mecha| 2021 Annual Education Statistics , Bhutan Ministry of Education, 2022. | Overview and Transformation of Education in Bhutan, Friedrich Naumann Foundation, 2022. | Driglam Namzha, Bhutan’s code of etiquette, Mandala, 2017. | How to make your own Bhutanese tea at home, DailyBhutan, 2021. | The History of Bhutan, Karma Phuntsho, 2013.