Un nouvel épisode de Bonheur et Dragon qui s’intéresse notamment à la gent féminine mais aussi à la passion du foot au Bhoutan.
Attention. Ce podcast est issu d’une série que nous vous encourageons à découvrir dans l’ordre. Accédez aux épisodes précédents : Episode 1 | Episode 2 | Episode 3 | Episode 4 | Episode 5.
Les femmes au Bhoutan
De la douane de l’aéroport aux magasins, aux hôtels, aux restaurants, en passant par les rizières, on les voit partout au même titre que les hommes, ici les femmes sont loin de se cantonner à la pénombre du logis. La société bhoutanaise leur réserve même une place toute particulière. Françoise Pommaret, spécialiste du sujet, nous explique : « Les femmes héritent, elles héritent de la propriété familiale. Les hommes partent chez leur femme et c’est la fille qui reste pour s’occuper des parents et de la propriété, et qui hérite. Comme il n’y a pas de dot, pas de mariage traditionnel, pas de communauté des biens, chacun garde ses biens. Une femme a sa propriété, ses revenus, elle est très indépendante. Et elle peut commencer, si elle le veut, à faire quelque chose en autonomie ». Avec un tel système, les femmes sont les principales propriétaires du pays, grâce à leurs ressources elles sont souvent entrepreneures et ont entre leurs mains un pouvoir non négligeable.
Historiquement, elles ne s’intéressent guère à la politique, cette sphère est encore très masculine. Ministères, haute fonction publique, agences gouvernementales, les places sont trustées par des hommes. Mais même dans cette sphère politique les femmes gagnent du terrain, elles sont de plus en plus nombreuses à se faire élire au niveau local. Si le pays n’est hélas pas exempt de discriminations, de violences conjugales, et que l’avortement y est interdit dans de nombreux cas, les femmes peuvent prétendre à peu près à tout ce que revendiquent les hommes. Même… le droit de supporter une équipe de foot !
Du foot au Bhoutan, bienvenue dans le stade de Thimphu
On joue au foot au Bhoutan depuis le milieu du XXème siècle, l’équipe nationale est née au début des années 1980 et elle a longtemps conservé le titre peu envié de pire équipe du monde pour son niveau et ses résultats. Grâce aux entraineurs financés par la fédération japonaise de football, elle a désormais perdu ce titre. Eté 1998, en pleine coupe du monde, la France s’enflamme pour le ballon rond. Au même moment à 8000km de là, des supporters de foot et des curieux se rassemblent dans le stade de Thimphu. Pour la première fois, on y a installé un écran géant pour y diffuser des matchs. Des matchs de la coupe du monde de football. Dans un pays alors sans télévision, un écran au cœur de la capitale est un événement majeur. Et un aller sans retour.
L’arrivée de la télévision !
Quelques mois plus tard, le roi annonce l’avènement de la télévision dans le Royaume (voir vidéo ci-dessous). L’ouverture sur l’extérieur continue. Quelques mois plus tard, la chaîne nationale voit le jour. Les ondes ne vont alors pas au-delà de la capitale et des enregistrements sur cassettes rejoignent les villages éloignés en bus, parfois à dos de mules. De nombreuses chaînes étrangères font leur arrivée quelques mois plus tard, via satellite et avec cette nouvelle ouverture sur le monde, la crainte de conséquences dramatiques. En avril 2002, une vague de faits divers rarement observée jusque-là secoue le pays. La télévision est montrée du doigt, bouc émissaire destructeur de la culture et des traditions bhoutanaises. Mais elle est toujours là aujourd’hui, et la culture du pays aussi. Aujourd’hui à Thimphu, il est plus facile d’acheter une télévision que nombre de denrées de base.
CREDITS. Images d’illustrations – Match de foot © Bhutan National Football Team FB, femmes du Bhoutan © C. J. Fynn – CC BY-SA 3.0 | Interviews, enregistrements au Bhoutan © Altitude. | Bruitages additionnels et musiques d’illustration © Pixabay. | Headphone © Flat Icon / Freepik | Traductions et doublages assurés par Clémence Bout et Albin Digue du Master Rédacteur Traducteur de l’Université de Bretagne Occidentale. | Ecriture et voix-off : Arnaud Palancade. | Sources complémentaires : Interview de : Françoise Pommaret, chercheuse au CNRS, 2022. | Extrait radiophonique d’un journal BBS, diffusé en 2022. | Extrait radiophonique Pema Deki, Nge Lhayul | Women in Bhutan, the gender discussion, Tashi Dema, the Druk Fournal, 2020. | Bhutan is traditionally a matriarchal society, Chow Ping, Daily Bhutan, 2022 | Fast forward into trouble, article du Guardian, juin 2003 | Television, materialism and Culture, Dr Ross McDonald, Journal of Bhutan Studies, 2004