Une décision historique vient d’abaisser le niveau de protection dont bénéficiait jusqu’alors le loup. Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour l’animal comme pour les éleveurs ?
Grand prédateur iconique, le loup bénéficiait jusqu’à ce mois de décembre 2024 d’une protection maximale en Europe. Il y a quelques jours, le Comité permanent de la Convention de Berne a approuvé la proposition de l’Union Européenne de revoir à la baisse le statut de protection du canidé. De fait, le loup passe de l’Annexe II des espèces strictement protégées à l’Annexe III des espèces protégées. Jusqu’alors, les loups ne pouvaient être « tués » sauf exceptions relevant de certaines conditions précises et encadrées. En 2024, ces exceptions équivalaient à un quota de « prélèvements » possibles de 19% du millier de loups recensés en France. La Directive Habitats de l’Union Européenne devrait être prochainement modifiée pour intégrer ce changement. Le WWF craint que la modification n’entraine « des conséquences négatives bien au-delà du loup » et compte surveiller de près le processus. En tête, de possibles dégradations de la protection du lynx ou de l’ours.
La chasse aux loups est-elle ouverte ?
Pour autant, ces histoires de conventions et de textes européens ne vont pas changer la vie des éleveurs, ni des loups, du jour au lendemain. Tout d’abord à cause d’un délai de trois mois avant l’adoption définitive de la mise à jour de la convention de Berne. Sur cette période, si un tiers de ses membres finalement s’y opposent, le texte ne changera pas. Ensuite parce que le loup reste une espèce protégée. Et l’Etat devra maintenir une population viable à long terme, argument principal plaçant le quota de prélèvements actuels à environ 20% de la population. Il est donc tout à fait possible que le nombre de tirs autorisés chaque année ne change pas drastiquement. Difficile de croire en l’état à une ouverture de la chasse aux loups.
L’assouplissement pourrait en revanche se ressentir au niveau administratif. Des règles nationales devront être mises en place pour prendre en considération cette modification du statut de Berne. La ministre Agnès Pannier-Runacher expliquait début décembre que les tirs seraient toujours « très encadrés » mais « en limitant les procédures administratives ».
Les défenseurs du loup ajoutent qu’abattre davantage de loups ne règlera pas nécessairement le problème des éleveurs. Les comportements de prédation des loups restent peu compris. Des meutes déstabilisées ou éparpillées suite à la disparition d’un de leurs membres peuvent par exemple être impliquées dans des attaques.
Illustration – loup © CC0 – Pixabay