Le mouflon est un animal emblématique de certaines régions, comme dans le Mercantour ou le Caroux. Sa présence est pourtant tout sauf naturelle.
Il y a plusieurs millénaires, des moutons primitifs venus du Proche Orient ont été introduits par l’homme sur plusieurs îles de Méditerranée. Notamment en Sardaigne, en Corse, à Chypre. Abandonnés, certains sont revenus à l’état sauvage. Nous tenons là l’origine des mouflons corses.
Mauvais nageur, le mouflon de Corse n’a jamais traversé la mer par ses propres moyens. La présence de mouflons sur le continent est donc l’œuvre… de l’homme ! Croisés en captivité avec des espèces venues d’ailleurs, comme de Tchécoslovaquie (où elles étaient mixées avec des espèces asiatiques), les mouflons introduit dans le Mercantour ou le Caroux ne sont donc pas vraiment des mouflons corses. Qu’à cela ne tienne, l’administration française les appelle désormais mouflons méditerranéens.
Les mouflons et les chasseurs
Ils ont été introduits dans plusieurs régions de France pour des raisons cynégétiques. Comprendre : pour être chassés. Il faut dire que ses cornes iconiques en font un trophée apprécié des chasseurs de grand gibier. Les premiers lâchers ont commencé à la fin des années 1940 et ces introductions régulières ont perduré jusque dans les années 2000.
On l’associe souvent au chamois dont il a en partie pris la place laissée vacante par le recul de l’espèce. Mais le mouflon n’est pas à son aise en altitude. Il est peu agile dans la neige et vite sans défense en forêt, son acuité visuelle étant plus efficace en milieux ouverts. C’est donc assez naturellement que les populations de mouflons méditerranéens ont subi de plein fouet le retour du loup, surtout dans certaines vallées du Mercantour et dans les Hautes-Alpes. Au fil des décennies, le mouflon s’est cependant adapté. Il se regroupe beaucoup moins en troupeau, et généralement dans des espaces ouverts. Mesures de prudence face à son grand prédateur. Si la chasse au mouflon est désormais interdite en Corse, elle est possible sur le continent. Un plan de chasse fixe un quota annuel comme pour d’autres gibiers. Dans les Alpes-Maritimes, 225 mouflons pourront ainsi être chassés cette saison.
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