En Islande, le canyon de Fjaðrárgljúfur n’est plus le même depuis que Justin Bieber est passé par là. Ce dernier ne devait pas imaginer les conséquences d’un simple tournage.
Fjaðrárgljúfur. C’était un canyon assez discret et peu visité du sud de l’Islande. Jusqu’en 2015. Cette année-là, le chanteur canadien Justin Bieber sort son titre I’ll show you. Et tout s’emballe. Car la star est venue tournée son clip dans le canyon de Fjaðrárgljúfur. Façonnées par l’érosion et la fonte des glaciers il y a près de 9000 ans, ces gorges s’étendent sur près de 2 kilomètres et les falaises qui les gardent mesurent plus de 100 mètres de haut.
Fjaðrárgljúfur : 1 million de visiteurs en 4 ans
Ce paysage montagneux se situe à quelques kilomètres seulement de la route principale et est accessible sans 4×4. Résultat, en quelques mois, la fréquentation des lieux a bondi. Suite au visionnage de la vidéo de Bieber par près de 500 millions de personnes, les touristes dans le canyon sont omniprésents. Plus de 80% de hausse en quelques mois, entre 2016 et 2018. En l’espace de 4 ans, près d’1 million de visiteurs se sont pressés dans le canyon. Alors que l’intérêt des instagrameurs pour le canyon était loin de se tarir, l’industrie du divertissement en remettait une couche, début 2019. Dans le premier épisode de la dernière saison de la série à succès Game of Thrones, une scène spectaculaire faisait apparaitre le canyon de Fjaðrárgljúfur. Quelques mois plus tard, la fréquentation repartait à la hausse.
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Des règlementations peu appliquées
Très vite, l’afflux de touriste a eu un impact sur la nature. Souvent boueux, les sentiers sont vite délaissés par les visiteurs qui leur préfèrent le reste du site. Ils saccagent, bien souvent sans s’en rendre vraiment compte, une précieuse biodiversité. Désormais, dès que les chemins sont trop boueux, les autorités ferment l’accès au canyon. Cette année encore, le site a été interdit au public pendant plusieurs semaines au printemps.
Quant aux touristes équipés de drones, ils doivent désormais respecter une règlementation plus stricte avec un permis obligatoire. Les appareils, trop nombreux, dérangeaient l’avifaune des lieux et notamment les rapaces. Pour autant, par manque de moyen et avec une culture policière locale peu portée sur la répression, ces règles ne semblent pas appliquées. Une étude conduite récemment par l’Icelandic National Park Service démontrait que les pilotes de drones n’étaient pas au courant des règles et qu’ils étaient toujours aussi nombreux. Les problèmes de respect des fermetures sont les mêmes. Dès que la surveillance se fait moins visible, les touristes reviennent. Fermeture ou pas.
La période de covid a offert un peu de répit au canyon de Fjaðrárgljúfur mais la fréquentation est à nouveau très importante. A l’instar de celle de tout le pays, qui est désormais une destination très prisée. Des projets d’infrastructures touristiques sont évoqués. Entrées limitées en nombre, parking payant. Pour l’heure, une plateforme d’observation a vu le jour. Elle permet de canaliser les visiteurs sur une toute petite partie du site.
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