La logique des parcs nationaux, où qu’ils se situent, est bien la protection des écosystèmes. De la faune, de la flore. Pourquoi ce parc nord-américain s’est-il lancé dans l’éradication de la chèvre des montagnes ?
La Parc National de Grand Teton, dans le Wyoming, a pourtant dû se résoudre à mettre en place un complexe projet pour venir à bout de cet animal. Car le caprin n’a rien à faire là, et il cause de nombreux dégâts. Il n’est pas natif de la région et sa présence menace notamment une espèce fragile de mouflon. En cohabitant dans le même habitat, la chèvre des montagnes gagne du terrain et le mouflon disparait. Pour la bonne et simple raison que la chèvre est porteuse de bactéries dangereuses pour les mouflons. La « population de mouflons a été relativement isolée et est donc probablement «naïve» face à ces maladies » précise le Parc.
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Tuer la chèvre des montagnes pour sauver les mouflons
Pour éviter la disparition d’une espèce rare au profit d’une autre beaucoup moins rare et carrément invasive, la décision a été prise de prélever les chèvres. Bien connue en Amérique du Nord, cet animal n’est pas naturellement présent dans le Parc en question. Il a été introduit il y a plusieurs décennies dans des régions voisines pour y développer la chasse sportive. Quand le programme a été lancé en 2020, la population d’envahisseurs avait déjà rattrapé le nombre de spécimens de mouflons. Environ une centaine. Après une première phase menée par un hélicoptère qui a abattu 36 spécimens en quelques heures, c’est une méthode moins polémique qui a été mise en œuvre. Ce sont désormais des chasseurs volontaires qui ont carte blanche pour chasser ces animaux. Résultat, en quelques mois, la population de chèvres des montagnes est passée de 100 à moins de 30. Les dernières sont moins faciles à trouver et ne se laissent pas facilement approcher.
Une population de mouflons encore fragile
Le dernier comptage faisait état de 90 spécimens de mouflons, une population stable mais toujours fragile. Même « s’il y a 90 mouflons, c’est encore vraiment limite. Cela ne prendrait que quelques mauvais hivers ou une épidémie de pneumonie. Toute chose qui se produit pourrait être catastrophique, car les chiffres sont si bas » a expliqué un biologiste rattaché à l’Etat du Wyoming (lien en anglais).
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