Parcs nationaux, parcs naturels régionaux, réserves naturelles, sites classés, réserves biologiques, zones naturelles d’intérêt écologique, sites inscrits, réserves intégrales, réseau Natura 2000… les outils permettant d’aider à la conservation des aires naturelles sont nombreux en France. Imbriqués, superposés, aux dénominations parfois trompeuses, ces appellations ont pourtant toutes leurs spécificités. En prenant quelques exemples concrets en territoires de montagne, essayons d’y voir plus clair au milieu de ces aires naturelles protégées ! Car on peut vite se perdre entre PN, PNR, RNN, RNR, RBD, RBI…
Les parcs nationaux (PN)
Inspirés du modèle américain du National Park Service et du premier parc créé en 1872, le Yellowstone, les parcs nationaux français voient le jour dans la première moitié du XXème siècle. Après des expérimentations en Afrique du Nord, comme le Parc des Cèdres en Algérie, le terme Parc National apparaît en 1923. Il est alors question du parc national du Pelvoux. Il deviendra 50 ans plus tard, le parc national des Ecrins.
Les premiers parcs nationaux
C’est à l’initiative de membres du Touring Club de France, du Club Alpin Français et de quelques précurseurs comme Alphonse Mathey-Dupraz que les premières idées de parcs nationaux font leur chemin. En Juillet 1960, une loi permet enfin la création par décret de parcs nationaux. Suivront la création en 1963 de la Vanoise, en 1967 des Pyrénées, en 1973 des Ecrins (officialisation sous ce statut de parc national). Enfin en 1979, le parc du Mercantour ouvre à son tour. D’autres parcs sont créés notamment dans les territoires ultra-marins.
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Le cœur de parc et les aires d’adhésion
En 2006, une nouvelle loi modifie la gouvernance et l’organisation des parcs en instituant notamment des zones « cœur » et des « aires d’adhésion ». La protection de la nature étant plus forte dans le cœur du parc, zone inhabitée. Les parcs nationaux clarifient alors leurs missions. Développer la connaissance des « patrimoines culturels, naturels et paysagers ». Les conserver, les gérer et « si besoin » les restaurer. S’ajoutent des missions d’éducation, d’appui aux territoires… En savoir plus que les 10 missions des PN français !
Les parcs naturels régionaux (PNR)
Si l’appellation ressemble à s’y méprendre à celle du parc national, la logique à l’œuvre est très différente. Ils sont constitués autour d’un espace culturel, naturel et/ou paysager de premier ordre. Leur objectif est de favoriser la protection de ce patrimoine tout en développant l’économie régionale. Contrairement aux parcs nationaux, dont les cœurs sont inhabités, les PNR recouvrent des territoires peuplés. Leur logique est moins la conservation (le conservationnisme diront certains) propre aux parcs nationaux, mais une tentative d’équation complexe entre préservation du patrimoine et développement économique.
Les confusions entre PN et PNR
Les activités humaines n’y sont pas particulièrement réglementées, l’accès est libre et la chasse et la pêche sont autorisées. A l’inverse des parcs nationaux où les activités humaines sont soumises à un certain nombre de règles, tout comme l’accès. La chasse et la pêche sont interdites ou limitées dans les parcs nationaux. Enfin et surtout, la gestion des PNR est locale. Ce sont les collectivités qui composent le parc qui ont la main sur la prise de décision. S’agissant des PN, c’est un établissement public national qui est à la manœuvre.
Les PNR de montagne
En montagne, on trouve des Parcs Naturels Régionaux dans les Bauges, le Vercors, le Queyras. Mais aussi en Chartreuse, dans les Pyrénées ariégeoises et catalanes. Mais également du côté des Volcans d’Auvergne, du Haut-Jura ou des Ballons des Vosges. Plus récemment, autour du Mont Ventoux !
Les réserves naturelles (RN)
Elles peuvent être nationales, régionales et de Corse ! Ces territoires cherchent à protéger un patrimoine naturel, qu’il soit biologique ou géologique. Ils peuvent aider à le restaurer et à le faire connaître. La France compte près de 350 réserves naturelles. Chacune met en œuvre une réglementation permettant d’atteindre son objectif de protection. Réserves Naturelles de France est une association loi 1901 qui regroupe la grande majorité des gestionnaires de réserves. Conformément à leurs noms, l’Etat ou les régions président à leur création. Les collectivités locales sont généralement gestionnaires mais pas toujours. Certaines réserves sont en effet gérées par des parcs nationaux.
L’exemple de la Grande Sassière
La Réserve Naturelles Nationale de la Grande Sassière, à proximité de Tignes en est un exemple. Ces quelques 22 km² de territoires de montagne, coincés entre le Parc National de la Vanoise et le Parc italien du Grand Paradis, voient leur gestion confiée… au Parc National de la Vanoise. La règlementation appliquée dans cette réserve est d’ailleurs assez comparable à celle déployée dans le Parc National voisin. Son existence est liée au déclassement partiel d’une autre réserve du secteur qui en 1973 avait laissé la place à des pistes de skis. La Grande Sassière avait donc vu le jour en guise de compensation.
RNN ou RNR de montagne
Les Réserves Naturelles Nationales (RNN) sont nombreuses en montagne. Parmi les plus imposantes, citons notamment les Hauts Plateaux du Vercors, la Haute Chaîne du Jura ou encore les réserves de Six-Fer-à-Cheval Passy, des Contamines Montjoie ou des Aiguilles Rouges. Parmi les Réserves Naturelles Régionales (RNR), souvent plus petites, on trouve le Lac d’Aiguebelette, les Isles du Drac, ou le Massif du Pibeste-Aoulhet sur les hauteurs de Lourdes.
D’autres outils de protection…
Sites classés et Grands Sites de France
Près de 2.700 sites sont classés, en lien avec l’intérêt général lié à leur conservation ou leur préservation. Certains, à la plus grande fréquentation et qui ont fait preuve d’une grande qualité de conservation, on obtenu un label supplémentaire. Celui de Grand Site de France. Une cinquantaine de sites sont concernés en France. Le Massif du Canigou dans les Pyrénées ou les Puy Mary et de Dôme (Massif Central) en font partie. Le site du cirque de Sixt-Fer-à-Cheval et les Gorges du Verdon font actuellement la démarche pour un classement. Voir la liste complète de tous les Grands Sites de France.
Réserves Biologiques de l’ONF
Les Réserves Biologique de l’Office National des Forêts protègent quelques 200 sites. Ces Réserves Biologiques peuvent être Dirigées ou Intégrales : RBD ou RBI ! On peut citer la Réserve Biologique Intégrale de la Montagne Pelée en Martinique ou la Réserve Biologique du Haut-Chéran dans le Parc Naturel Régional des Bauges. Ces RBI ne doivent pas être confondues avec la Réserve Intégrale que l’on trouve dans les Parcs Nationaux et qui proscrit complètement l’accès de l’homme. En France, c’est extr^mement rare. On en trouve une dans le Parc National des Ecrins, derrière le Lac de Lauvitel. Elle est gérée par le Parc National.
Inventaire ZNDIEFF, Natura 2000…
L’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique est un outil additionnel. Il répertorie à l’échelle nationale l’ensemble des zones « d’intérêt patrimonial pour les espèces vivantes et les habitats ». Les documents d’urbanisme doivent notamment prendre en compte le contenu de cet inventaire. Cette logique rappelle celle du réseau Natura 2000. Cette démarche, européenne, a répertorié près de 1.800 sites sur le territoire français. Soit près de 13% de la surface métropolitaine. Si les zones Natura 2000 n’empêchent pas l’activité économique, elles obligent les parties prenantes à une évaluation préalable. La gestion de ces sites peut-être cofinancée par l’Union Européenne.
Illustration Aires Naturelles protégées – Grande Sassière © DR