montagne altitude default

Des bouquetins capturés, d’autres abattus, sur ordre du Préfet de Haute-Savoie

Le bouquetin est une espèce protégée. Mais dans la chaîne du Bargy (Haute-Savoie), c’est un petit peu plus compliqué. En moins de dix ans, 482 de bouquetins y ont été tués. En cause ? La lutte contre une maladie infectieuse, la brucellose, potentiellement transmissible à l’homme. Les bouquetins du Bargy en sont un foyer actif depuis de nombreuses années. Et leur proximité avec des troupeaux de bovins et d’ovins fait craindre des risques de transmission. Les autorités tentent donc d’éteindre ce foyer « dans l’intérêt de la santé publique, ainsi que pour prévenir les dommages à l’élevage et aux filières agricoles de montagne ». Un nouvel épisode se joue en ce moment.

50 captures pour tests et 20 abattages directs !

Suite à une consultation publique ayant réuni quelques 87% d’avis défavorables, la Préfecture de Haute-Savoie a malgré tout signé un arrêté en date du 29 mai 2020. Il y est question de 50 captures en vue de tester les animaux et d’abattre les porteurs de la maladie. Ainsi que de l’abattage (le prélèvement) pur et simple (sans test) de 20 bouquetins au cœur du massif. Les agents de l’Office Français de la Biodiversité doivent s’occuper des captures et des prélèvements. Des vétérinaires s’occupant de l’euthanasie des animaux porteurs de la maladie. Si la capture et l’euthanasie des bêtes malades sont peu critiquées, il n’en va pas de même pour les 20 abattages directs. D’autant que cette approche pourrait être reconduite trois années durant, totalisant 150 captures et 60 « prélèvements » directs.

Lire aussi : Victime d’un piège artisanal, le bouquetin a été retrouvé mort

Associations de protection de l’environnement vs Chasseurs et Monde agricole ?

Les associations de protection de l’environnement ont exprimé leur opposition aux prélèvements. Opposition soutenue par un avis défavorable au projet de la part du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN). Elles expliquent notamment que l’abattage des 20 animaux non-testés reviendrait à tuer « 4 individus sains sur 5 », étant donnée la prévalence de la maladie évaluée à 20%. Ces associations craignent également une désorganisation des hardes, en abattant par exemple certaines femelles dominantes, pouvant favoriser les contaminations.

Elles citent aussi le rapport d’expertise de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (ANSES) de juillet 2019 qui plaide pour laisser les bouquetins tranquilles. « Les conséquences de l’existence de l’infection brucellique chez les bouquetins sont, en outre, négligeables en termes de risque de transmission pour d’autres espèces de la faune alpine (2 chamois reconnus infectés, l’un en 2012, l’autre en 2013), pour les ruminants domestiques (1 foyer bovin identifié en 2012) et pour les humains (aucun nouveau cas n’a été recensé depuis les 2 cas de brucellose alimentaire, liés au foyer bovin, reconnus en 2012-2013, indiquant une probabilité de survenue négligeable, même si les conséquences de ces cas de brucellose alimentaire peuvent être graves) ».

Dans le même temps, la Fédération départementale des Chasseurs de Haute-Savoie a émis un avis favorable invoquant notamment un chamois testé séropositif à proximité du massif. Plusieurs membres du monde agricole sont également favorables à ces prélèvements même s’ils considèrent qu’ils ne sont pas suffisants. Il faut dire que pour eux les risques sont majeurs. Une seule contamination peut conduire à l’abattage de la totalité d’un troupeau.

 Illustration © DR

4.2/5 - (17 votes)

Eric T.

Eric, spécialiste de l'univers de la montagne, a mis son baudrier et ses crampons de côté pour rédiger des articles pour : Altitude.news. Business, Nature et Alpinisme sont les trois rubriques principales dans lesquelles vous pouvez retrouver ses articles. Ce montagnard d'adoption est à l'affût d'histoire et d'anecdotes insolites à partager avec ses lecteurs. Pour le contacter directement : eric@altitude.news !

Voir tous les articles de Eric T. →

Une réflexion sur « Des bouquetins capturés, d’autres abattus, sur ordre du Préfet de Haute-Savoie »

  1. Et si nous aussi on faisait la même chose avec tout les connard qui portent pas de masque et qui débarque dans nos montagnes. Honte a vous d’assassiner le roi de la montagnes au lieu de trouvé un remède. Minable vraiment minable y a pas d’autres mots point barre. 😡

Les commentaires sont fermés.