Une histoire vieille de 10 ans mais qui résonne différemment aujourd’hui, à l’heure de la prise de conscience des réalités du réchauffement climatique.
A 5.375 mètres d’altitude, la station de ski de Chacaltaya pouvait se penser à l’abri des conséquences du changement climatique. A une demi-heure de La Paz, cette petite station de Bolivie faisait le bonheur des habitants de la région. Les skieurs venaient à la journée, profitaient des pistes et du restaurant et ce tout au long de l’année ! Dans les années 1990, les scientifiques avaient alerté les exploitants de la station. En 2015, le glacier pourrait avoir disparu.
Résultat des courses, la nature est allée bien plus vite et ce glacier vieux de 18.000 ans a terminé sa fonte en 2009. Aujourd’hui il n’y a plus rien. Plus de neige, plus de skieurs. Un bâtiment décrépi estampillé Club Andin de Bolivie tient encore debout mais n’accueille plus personne. Quelques Andinistes viennent ici pour parfaire leur acclimatisation en vue de sommets plus ambitieux.
Ouvert dans les années 1930, Chacaltaya attirait les classes moyennes et supérieures de La Paz. Son téléski artisanal, fonctionnant avec un moteur de camion planqué dans une cabane, tournait à plein régime. C’était la seule et unique station de ski du pays. Le glacier s’étendait sur 22 hectares dans les années 1940 et on y avait tracé 2 ou 4 pistes personne ne se souvient vraiment. Il ne faisait plus que 14 hectares dans les années 1980 puis la fonte s’est accélérée. En 1996, il ne restait plus que 8 hectares de glace. Un seul en 2005.
A la saison sèche, La Paz tire près d’un tiers de ses ressources en eau de réservoirs alimentés par les glaciers alentours. Ces glaciers disparaissant à vitesse grand V, c’est la survie des 2.3 millions d’habitants de la région de La Paz qui est en jeu. Déjà, le rationnement de l’eau est une réalité dans plusieurs quartiers de la ville. En Amérique du Sud, les métropoles qui dépendent de l’eau des glaciers pour s’alimenter sont nombreuses. Santiago (Chili), Huaraz (Pérou) ou Mendoza (Argentine) sont aussi concernées. Mais ce n’est pas tout, la Bolivie, l’Equateur et le Pérou fabriquent la moitié de leur énergie électrique avec l’hydroélectricité largement alimentée par les eaux de fonte des glaciers tout au long de l’année. Le risque de pénurie d’eau a donc de multiples impacts.
Le glacier de Chacaltaya est le premier grand glacier tropical à avoir disparu, il y a maintenant plus de 10 ans. Et les glaciers tropicaux ne sont pas les seuls concernés. Plus au Sud, les glaces de Patagonie fondent aussi et encore plus massivement.
Illustration Chacaltaya © Ville Miettinen
Une réflexion sur « Le changement climatique a emporté la station de ski la plus haute du monde »
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