La moitié des gorilles des montagnes de la planète résident dans le Parc National de Virunga en République Démocratique du Congo (RDC). Cette espèce en danger d’extinction compte environ un milliers d’individus répartis dans quelques pays d’Afrique. Créé par la puissance coloniale belge en 1925, le Parc de Virunga est entré en 1979 au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Depuis sa création, le parc a permis la protection de l’espèce et tout doucement sa population est repartie à la hausse. En quarante ans, elle a presque doublé. Dans le seul parc de RDC, elle atteint aujourd’hui presque 500 spécimens. Ces animaux font pourtant l’objet d’une double menace.
Rebelles : les rangers en première ligne
Le parc de Virunga qui couvre près de 800.000 hectares n’est pas un havre de paix. Sur les dix derniers mois, 12 rangers ont été tués par les rebelles installés dans les limites du parc. En 20 ans, ce sont près de 180 gardes qui ont trouvé la mort dans des affrontements armés. Le directeur du parc lui-même, le Belge Emmanuel de Merode, a été pris dans une embuscade dont il s’est tiré gravement blessé par balles quelques années en arrière.
Il y a quelques semaines, deux touristes anglais étaient enlevés, obligeant la direction du parc à chercher une solution rapide. Dans ces conditions d’insécurité grandissante, le parc a été fermé aux visiteurs jusqu’en 2019. Cette période devrait permettre aux quelques 700 rangers de se redéployer et de tenter de sécuriser la zone. Au quotidien, les gardes luttent contre les braconniers qui chassent les gorilles mais aussi contre la déforestation sauvage.
L’exploitation pétrolière à l’horizon
Le plus ancien parc national d’Afrique est menacé par un autre péril : l’exploitation pétrolière. Il faut dire que le sous-sol de Virunga contient des ressources qui ne laissent pas le gouvernement de RDC indifférent. En 2009, il avait permis à trois compagnies dont la Britannique Soco d’explorer le sous-sol du parc. Devant les pressions des ONG, elles avaient reculé abandonnant le parc en 2014. L’état est revenu à la charge en ce mois de juin 2018 en évoquant la possible déclassification de quelques 20% du territoire du Parc de Virunga, pour faciliter son exploitation pétrolière.
Amputer le parc de près d’un cinquième de son territoire permettrait ainsi à des compagnies pétrolières d’opérer dans une zone non classée. Les impacts de tels projets sur la faune sauvage, et notamment sur les gorilles, ne sont pas connus. Mais les associations de protection de la nature estiment qu’ils sont nombreux. Pollution des eaux, perturbation de la faune, augmentation du trafic routier, pollution sonore. Elles expliquent également que dans les zones concernées, toute la chaîne alimentaire peut être perturbée, mettant en péril les espèces les plus fragiles. En premier lieu : les gorilles des montagnes !
Illustration © SharpPhotography