Pendant des décennies, les règlementations environnementales n’étaient pas la priorité des visiteurs du Parc National du Denali (Alaska). Si bien que le glacier Kahiltna et la rivière éponyme qui coule à son pied sont aujourd’hui pollués. Des prélèvements ont permis de démontrer la présence de la bactérie Escherichia Coli. Cette dernière ayant une résistance toute particulière notamment à basse température. Elle provient directement des selles des alpinistes, déversées à même le glacier. Des estimations évaluent à plus de 100 tonnes la quantité d’excréments présents sur le glacier avec l’augmentation du nombre de visiteurs.
100 tonnes d’excréments
Depuis le début des années 2000, les rangers du parc et des scientifiques ont mis en évidence ce problème et ont réfléchi à des solutions pour y faire face. C’est Roger Robinson, un ranger du parc, qui a conçu le CMC, pour Clean Mountain Can. Des toilettes portables destinées aux déchets solides produits par les grimpeurs. Entre 2002 et 2004, près de 500 visiteurs du parc ont testé les premiers prototypes. Avant que leur utilisation ne soit généralisée notamment grâce à une aide du Club Alpin Américain.
L’appareil ressemble à un petit bidon d’une trentaine de centimètres de haut, habillé de gore-tex pour permettre les échanges gazeux entre son contenu et l’extérieur, notamment dans le cas de variations d’altitude. Les alpinistes qui empruntent la voie normale d’accès au Denali, point culminant d’Amérique du Nord, sont aujourd’hui obligés d’utiliser un CMC. Au-delà d’une certaine altitude et via certaines voies, l’obligation n’est plus de mise. Le parc explique que la sécurité des grimpeurs passe avant tout. Et qu’il n’est pas souhaitable de leur ajouter de la charge dans les passages les plus délicats. Pourtant depuis la saison dernière, plusieurs compagnies de guides ont pris l’engagement d’utiliser ce système sur toute la montagne, quelle que soit l’altitude.
Et ailleurs ?
Les risques de contamination ne sont pas propres au Denali, ils existent sur toutes les montagnes du monde. Au camp de base de l’Everest, ce sont près de 12 tonnes de matières fécales qui sont produites chaque saison. Leur gestion pose un tel problème qu’un projet de centrale au biogas, dont les excréments seraient le combustible, est en réflexion.
Par comparaison, de nombreux itinéraires alpins sont équipés de refuges où les toilettes sèches sont de plus en plus souvent la norme. Les excréments séchés sont ensuite récupérés une fois l’an et descendus dans la vallée.