Alors qu’en France on peine à trouver un mode de cohabitation efficace entre éleveurs et loups, d’autres pays ont depuis longtemps choisi leur voie. Enfin, pas si sûr. Aux Etats-Unis, souvent cités en exemple, les loups sont-ils protégés ? Et qu’en est-il des professionnels qui élèvent leur bétail en pleine nature ?
Loups aux USA et en France, même combat ?
Près de 250.000 loups habitaient dans les actuels USA quand Christophe Colomb a débarqué, quelques siècles en arrière. Mais dès la seconde moitié du XIXème, les américains n’ont pas été très originaux. Ils ont décimé l’espèce, à grand renfort de mythes et de légendes qui faisaient du loup un ennemi à abattre. Un siècle plus tard, les loups avaient quasiment disparu du pays. Prenant conscience de sa quasi-disparition, les autorités fédérales interdisent alors de le chasser. Elles vont même plus loin : elles prélèvent 66 loups au Canada et les réintroduisent dans le Parc National du Yellowstone.
En une dizaine d’années, ils étaient 2.000 à vivre à cheval sur trois états. (Les chiffres sont impressionnants mais le seul parc du Yellowstone couvre près de 9.000 km². C’est 10 fois plus que le Parc des Ecrins, presque autant que Savoie et Haute Savoie réunies). Et ces étendues sont si grandes que ces loups sont assez peu en contact avec le bétail… Dans l’Etat du Wyoming qui compte quelques 400 loups (presqu’autant qu’en France !), environ 150 à 200 bêtes sont tuées chaque année par des loups, majoritairement des bovins. (Par comparaison, on dénombre entre 8.000 et 10.000 animaux d’élevage tués chaque année en France par les loups : majoritairement des ovins). Avec ces échelles radicalement différentes, la pression des éleveurs est évidemment moins forte.
D’autant qu’ils ont obtenu que le gouvernement fédéral confie la gestion du sujet à l’Etat. Depuis que ce dernier gère le dossier du loup, sa zone de protection a été considérablement réduite. Il reste évidemment protégé dans les parcs nationaux. A leur périphérie, des campagnes de chasse sont organisées et le nombre de bêtes abattues est régulé. Ailleurs dans le reste de l’Etat, aucune règle ne s’applique, les chasseurs s’en chargent. Et pas qu’un peu. Si vous êtes curieux, vous trouverez sur ce site conseils et matériel pour chasser efficacement le loup.
En Alaska, les loups veulent survivre…
L’Etat d’Alaska a également repris en main la « gestion » des populations de loups. Pour faire face à la diminution du nombre de caribous (manifestement attribuée au loup), ils ont mis en œuvre un vaste plan pour faire baisser le nombre de loups. Tirs par hélicoptères, pièges… tous les moyens étaient bons pour faire reculer la bête. Mais les scientifiques ont fait une découverte surprenante. Alors que les loups sont décimés en bordure des parcs, ceux qui en réchappent (en restant dans le parc) ont un réflexe de survie. Ils sont plus prompts à se reproduire. Tuez un loup, le restant en mettra au monde encore plus… Pour autant, ce phénomène ne permet pas de contrebalancer les abattages à l’extérieur des parcs. Il limite la casse… Dans le Parc National du Denali, le nombre de loups est même en légère augmentation : +5% !
Dans des régions où éleveurs et chasseurs semblent plus nombreux qu’écologistes, l’avenir du loup est-il si serein ? Sans les réglementations fédérales appliquées dans les parcs nationaux, les populations de loups seraient en péril. Mais les grandes superficies protégées semblent permettre à l’espèce de s’en sortir.
Illustration Loup Alaska : © NPS.gov – Nathan Kostegian