La logique (du café du commerce) voudrait que le réchauffement climatique entraîne un recul des chutes de neige. Mais l’hiver – très neigeux – que viennent de vivre les Alpes françaises le rappelle, les ressorts du climat sont complexes et les conséquences d’un réchauffement global à long terme peuvent être dépendantes de nombreux facteurs. En début de mois, une équipe britannique emmenée par Liz Thomas l’a rappelé lors d’un congrès de l’Union Européenne des Géosciences. A Vienne, son équipe du British Antarctic Survey est venue parler des résultats de ses observations menées sur le terrain, sur les glaciers d’Antarctique.
272 Gigatonnes d’eau en plus
Le continent blanc fait face, depuis près de deux siècles, à une augmentation progressive des chutes de neige. Près de 10% depuis 1800. Liz Thomas, dont les équipes ont étudiés des carottes de glaces provenant de 79 zones de prélèvements, précise : « cela équivaut à 272 Gigatonnes d’eau en plus », soit pas loin de 3 lacs Léman. Elle confirme que contrairement à une idée reçue, des chutes de neige plus abondantes sont depuis longtemps considérées comme une conséquente du réchauffement climatique : « une atmosphère qui se réchauffe est nécessairement plus humide, et produit donc plus de précipitations ».
Et une élévation du niveau des océans accélérée
Mais n’arrêtons pas là la réflexion. Car ces neiges abondantes n’empêchent pas le recul des glaciers du continent. En effet, ces gigatonnes de précipitations viennent peser sur la calotte glaciaire. Les glaciers glissent alors plus rapidement vers les océans. Des études ont d’ailleurs montré que d’ici la fin du siècle, la fonte des glaces d’Antarctique pourrait être responsable à elle seule de l’élévation du niveau des océans de 1 mètre. D’autres facteurs peuvent favoriser l’avancée rapide des glaciers. Dix ans en arrière, au Groenland, des scientifiques constataient déjà que l’eau liquide apportée à cause du réchauffement de l’air « agissait comme un lubrifiant » en favorisant les déplacements rapides des glaciers.
La conclusion est simple, ce n’est pas parce qu’il neige beaucoup que les glaciers cessent de reculer. Et ce fort enneigement n’est pas synonyme de recul du réchauffement climatique, bien au contraire, il est la démonstration de son avancée inéluctable. Et cette logique s’applique à tous les glaciers du monde, de nos montagnes européennes aux régions polaires.
2 réflexions sur « Comme les Alpes, l’Antarctique reçoit davantage de neige mais perd ses glaciers »
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