La société canadienne Barrick Gold, spécialisée dans l’exploitation minière, vient de subir un sacré revers. Le Chili vient d’ordonner l’arrêt immédiat des travaux de construction de Pascua Lama. Une mine d’or à ciel ouvert aux dimensions gigantesques, située dans la Cordillère des Andes.
Débuté en mai 2009 à la frontière entre le Chili et l’Argentine, ce chantier a la particularité d’être à cheval sur les deux pays. Située entre 4.200 et 5.200 mètres d’altitude, la zone concernée est en partie couverte de glaciers. Qu’à cela ne tienne, les exploitants avaient prévu de les faire disparaître sur au moins une vingtaine d’hectares. Il faut dire que de très grandes quantités d’or et d’argent seraient déposées sous la glace. Alors le groupe canadien a sorti les gros moyens. Un investissement de près de 2 milliards de dollars et des promesses en pagaille, notamment de créations de nombreux emplois. Ce futur radieux a encouragé certains maires des environs à soutenir le projet. Mais rapidement les associations de protection de la nature sont montées au créneau.
Glaciers endommagés et cyanure déversé dans les sols
Devant les pressions de l’opinion publique, les autorités chiliennes et argentines ont vite statué sur le sort des glaciers. Avant même le début des travaux, ils ont demandé à Barrick Gold de revoir leurs plans pour ne pas toucher aux glaciers. C’est finalement à cette condition que les travaux ont pu commencer. Mais les ONG, Greenpeace en tête, n’ont pas lâché prise. Elles ont ensuite dénoncé les méthodes d’extraction de minerais qui utilisent des dérivés du cyanure, pointant du doit l’impact sur l’agriculture de la région. Les quelques 70.000 agriculteurs de la vallée du Huasco se sont assez vite rangé derrière l’organisation de protection de l’environnement.
La justice puis les gouvernements s’en mêlent
En 2017, la justice chilienne a ralenti les travaux, suite au constat de dommages causés sur des zones glaciaires. Le groupe canadien a alors commencé à multiplier les recours pour inverser cette tendance, allant jusqu’à porter le sujet au niveau de la Cour Suprême chilienne.
D’abord accusés de faire le jeu des multinationales au détriment de la santé des habitants et de la protection du patrimoine naturel du pays, les gouvernements chiliens et argentins ont du prendre une décision difficile. Mi-janvier 2018, le ministère de l’environnement chilien a ordonné l’arrêt des travaux.
Dans la foulée, la société Barrick Gold a fait savoir qu’elle se pliait à cette décision. Mais dans la mesure où son permis d’exploitation n’est pas remis en cause, elle étudie les possibilités d’exploitation souterraine. « La fermeture des installations ne modifie pas le plan de l’entreprise d’étudier une option souterraine ». Le PDG de la filiale chilienne de Barrick a même précisé : « en réponse aux préoccupations exprimées par les communautés, la société mène des études pour optimiser le projet afin d’évaluer un éventuel développement souterrain qui réduit ses impacts environnementaux et sociaux ». Le projet Pascua Lama est donc loin d’être définitivement enterré.
Illustration principale : (c) Iamgold